Parmi les films inattendus de Michael Mann, il y a celui-ci, très éloigné par la thématique de son univers habituel. Nous sommes en 1757 et la guerre fait rage entre le Royaume-Uni et la France pour la domination de l’Amérique du nord. Non contents de se foutre sur la tronche entre colons, tout ce petit monde va aussi exploiter les haines ancestrales des locaux. Au milieu de tout ça, Nathanael, Européen élevé par des Mohicans vit, survit et tombe amoureux de la nana qu’il fallait pas. Et il court dans la forêt aussi, beaucoup. On aimera tout d’abord le décor de cette intrigue. Si on est habitué à la conquête sanglante de l’Amérique par les Espagnols, cette guerre franco-anglaise est plutôt fraîche. C’est d’autant plus intéressant que le récit écarte la logique manichéenne facile. Pas vraiment de gentils en dehors de notre héros. Les autres, colons, soldats ou amérindiens ont le même sang sur les mains à ceci près que ce sont les colons qui mènent cette danse macabre. L’interprétation ne fait pas vraiment dans la retenue et la caractérisation des personnages est donc assez grossière. Il est intéressant d’avoir choisi le multilinguisme dans les dialogues car cela donne davantage de réalisme (malgré quelques choix linguistiques étonnants). Pour ce qui est de la mise en scène, on reconnaît quelques manies de Mann comme la filature en milieu serré ou l’usage presque kitsch du ralenti. Ça colle avec la musique, bien de son temps mais assez entêtante et au final efficace. On tient donc là un récit sans véritables temps morts, aussi prenant sur la forme que sur le fond. Une réussite donc, même si ce n’est pas la plus grande de son auteur, de mon point de vue.