L’homme blanc est venu comme l’aube du jour

Bien entendu, ce n'est un scoop pour personne si je dis que ce film est la nième adaptation du fameux roman de Fenimore Cooper (que j'ai peut-être lu dans ma lointaine enfance mais n'en suis pas très sûr).


Au risque de choquer bien des gens, il me plait de classer ce film d'aventures dans les westerns car en fait ce qui m'intéresse ici c'est la comparaison de la vision que l'on peut avoir à cette époque (deuxième moitié du XVIIIème) de la relation entre blancs et indiens, c'est-à-dire entre les conquérants (ou les colons) et les natifs face à la vision qui transparait un siècle plus tard au cinéma.


Je ne sais pas quelle part de vérité historique il peut y avoir mais les indiens ici sont clairement considérés par les anglais ou les français comme des supplétifs qu'ils se sont partagés en jouant sur leur propres rivalités. L'objectif des anglais et des français c'est de s'approprier les terres des indiens sans partage et à leur insu. Tandis que les indiens pensent encore avoir une carte à jouer en voyant français et anglais s'entretuer et peut-être se neutraliser. On pourrait même croire, un instant seulement, que les indiens font jeu égal avec les conquérants.
Finalement tout va se jouer avec l'apparition d'une tierce partie qui seront les colons qui vont rechercher leur indépendance et devenir américains aux dépens des indiens qui vont progressivement tout perdre. D'ailleurs on entend bien le raisonnement des colons dans le film qui n'ont que faire de la tutelle anglaise ou française et surtout de leurs rivalités qui ne leur rapportent rien sinon des problèmes.
Après ces hautes considérations de saine géopolitique, très probablement inexacte, il reste à parler du film.


D'après ce que j'ai lu, le film a été tourné dans les Appalaches en Caroline du Nord, ce qui donne des images et des paysages que Michael Mann a bien su utiliser pour situer l'action dans une nature encore bien sauvage.


Il y a des scènes très esthétiques de bataille de nuit avec les paraboles des obus, les lumières des explosions en particulier lors de l'assaut final des français sur Fort William. Il y a aussi des scènes très fortes comme l'embuscade tendue par Magua (Wes Studi) et ses hurons sur la colonne anglaise où Magua va extraire le cœur de Munro (Cheveux Gris) ... et la bataille finale sur la falaise escarpée de la montagne.


Le casting est d'un très bon niveau avec le beau et fringant Daniel Day-Lewis dans le rôle de Nathanaël dit "oeil de faucon", crinière au vent, un Mohican d'origine européenne mais élevé depuis l'enfance chez les indiens.
Et bien sûr la belle et tendre Madeleine Stowe dans le rôle de Cora, une anglaise qui ne comprend rien au début à ces sauvages mais se laissera attendrir après quelques petites leçons données par Nathanael dit "oeil de faucon".
"Votre comportement ne m'a pas surpris. Mon père m' a toujours dit de me méfier des gens de votre race. Il est vain d'espérer vous comprendre. Aussi vain que d'être compris de vous.
Vous êtes une espèce à part, remplie d'incohérences"

La romance entre ces deux personnages aurait pu être un peu moins schématique ou un peu plus travaillée car c'est vraiment un peu trop le coup de foudre qui leur tombe dessus.


Mais surtout, celui qui est fascinant c'est Wes Studi : non, mais quelle gueule !
On l'avait déjà vu dans "Danse avec les loups", on le reverra dans "Geronimo" puis dans "Hostiles". Une présence à l'écran comme on n'en voit pas souvent. Ah, on est loin de Rock Hudson dans le rôle de "Taza, fils de Cochise"...


Et la tendresse, bordel ! On comprend que la sœur de Cora préfère se jeter de la falaise plutôt que de finir dans le lit de Magua !


Le reste du casting est très bien aussi. Entre Patrice Chéreau dans le rôle du général français Montcalm qui fait des ronds de jambes à son homologue anglais et l'excellent Russel Means dans le rôle de Chingachgook, le père adoptif de Nathanael, il n'y a vraiment rien à dire.
A part peut-être que le rôle de Russel Means aurait gagné à être un peu plus développé.


Parmi les points qui m'ont moins plu, il y a la musique omniprésente que j'ai parfois eu du mal à accrocher. Et qu'est-ce que vient faire cette musique genre celtique dans la dernière bataille sur la falaise ?


Au final, "le dernier des mohicans" est un film qui se laisse bien regarder mais dont je ne conserve pas un souvenir impérissable et dont je ne tire pas une grande émotion (sauf Wes Studi ... non, mais quel homme !)


L’homme blanc est venu comme l’aube du jour, et c’est la nuit, que ces hommes ont apportée dans notre avenir.

JeanG55
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le 15 déc. 2021

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