Coproduction ambitieuse entre l'Italie, la France, le Royaume-Uni, et la Chine, "The Last Emperor" est un biopic sur Puyi, le dernier empereur de Chine. Mis malgré lui sur le trône à 3 ans en 1908, il passera en réalité l'essentiel de sa vie comme un prisonnier. Prisonnier des protocoles, de sa naïveté, de son entourage manipulateur, puis des régimes successifs, à travers l'histoire tumultueuse de la Chine moderne et de la Mandchourie.
Bernardo Bertolucci nous livre ainsi une véritable fresque historique, assez dense. Je comprends aisément que même sur 2h40, plusieurs événements ou périodes aient été zappés, afin de se concentrer sur ce protagoniste et ses émotions, et de garder une cohérence narrative. On ne verra pas, par exemple, sa période de détention par les Soviétiques.
Le scénario souligne finalement le paradoxe de cet homme éduqué à régner, mais qui traverses tous ces tumultes sans pratiquement jamais avoir de prise sur rien. Et incapable de se débrouiller par soi-même, étant habitué à être entouré de sa famille ou de ses servants.
Il faut aussi évidemment parler de la forme très soignée. "The Last Emperor" fut le premier film occidental à être autorisé par le régime communiste à tourner au sein de la Cité Interdite. De quoi donner bon nombre de plans majestueux et immersifs dans la première moitié !
Bertolucci s'est fait plaisir avec les costumes et les figurants. Tandis que l'on retrouve à la photographie le légendaire chef opérateur Vittorio Storaro, qui nous livre une très belle lumière. Bref, l'image nous en donne pour notre argent.
Enfin, on est bien servi par une distribution de qualité. Peter O'Toole en mentor occidental. Des habitués des seconds couteaux à Hollywood tels que Victor Wong ou Cary-Hiroyuki Tagawa. Et évidemment John Lone, touchant en empereur fantoche qui porte sur ses épaules le point de nombreuses frustrations.
Une belle fresque, qui vaut le coup d'oeil.