Une petite histoire de l'Occupation, une évocation du théâtre sous l'Occupation, telle se présente la chronique de François Truffaut.
Reclus dans la cave de son théâtre, l'auteur juif Lucas Steiner observe clandestinement les répétitions de la pièce qu'interprète Marion son épouse, épie aussi les sentiments naissants entre cette dernière et Bernard, qui lui donne la réplique.
Il assiste, comme le spectateur, à un travail créatif soumis aux contraintes de la période tout autant qu'aux contingences sentimentales au sein de la troupe, qu'évoque avec délicatesse Truffaut. C'est ce second aspect qui, au coeur d'un environnement historique dramatique, donne sa fantaisie eu film, et ce sont ces aspirations le plus souvent déçues qui, même si elles tiennent une place très modeste dans le scénario, confèrent aux personnages leur humanité attachante et leur justesse.
La force du film est précisément de s'appuyer sur une reconstitution habile, tant dans la forme que dans l'esprit, des années de l'Occupation. Le couvre-feu, le dernier métro, les coupures d'électricité et la pénurie sous toutes ses formes fondent le contexte du récit probablement mieux que des incidents dramatiques. De l'accessoiriste de la troupe à l'infâme critique collabo Daxiat, tous les protagonistes existent pleinement autour du couple vedette Deneuve-Depardieu. Et son souci du détail vrai, son tact à l'égard de ses personnages permettent à François Truffaut de réaliser une oeuvre sensible, une fiction historique tout à la fois divertissante et crédible.