Oh lala mes amis ! Mais qu'est-ce qu'il ne faut pas lire ! Mais c'est une horreur ce qu'on dit là-dessus ! Pour l'essentiel ... à croire qu'on ne sait pas y regarder !
Et ces malheureux ! Là ! Qui viennent à ce film parce que beurre et cul et compagnie ! Mais attention ! C'est pas un film comme ça ! Pas étonnant que vous soyez déçus ! Mais rendez-vous compte : on vous floue pas sur la marchandise ! C'est vous qui vous fourvoyez !
Vivi voyons ! On promet du cinéma ! Du grand ! Pas du vaguement chose ! Ni qui que quoi ! Vaguement poétique, le truc ? vaguement érotique ? Fanfreluches et fantasme bobos ? Les deux F les deux B ? Carrément ?
Il y a de quoi s'étouffer dans sa bière là !
Et Thevashow, t'y vas loin, non ? Tu forces, non ? Une histoire plaisante ? Le dernier Tango ! Sérieunounet ? On a bien vu le même film ? Remarque, on n'a peut-être pas la même définition du plaisant ... moi je dis pas ...

Berto son film. Longtemps, il a pas pu le tourner. Il possédait pas la couleur. Ah non. La couleur de l'appartement. Fallait du spécial. Une tonalité. Le truc unique ! A jamais associé au film. Et ça le minait le pauvre garçon ! Et un jour, au café, un de ses potos lui parle de Bacon. francis. Le peintre angliche. De ses aplats colorés. De ses portraits, façon marshmallow fondu. Enroulé tout plein du bâtonnet. De son orange. Surtout. Vif. Violent. Bah orange quoi ... Et là il a su. C'est pour ça ! Pour ça, les deux tableaux de Bacon au début. Ça dit tout, mais ça dit plus. Et ça se retrouve dans le film ! Quand Brando est dans la salle de bain. Celle où s'est tuée sa femme. De derrière la vitre. Il a la tête comme un Bacon. Détruit. Déchiré. A vif. Comme s'il vomissait toute sa substance. Et oui. C'est ce qu'il fait. Rien d'autre !
Ce type, il a fait de la boxe. Il connaît la musique. Il sait danser. Un-deux : boum tu tombes. Bam ! Tu t'en est pris plein les dents ! T'as saisi tu sais. Il sait ce que c'est. De tomber. De ramper. Jusqu'à la corde ... Il sait aussi se relever ... Il l'a fait jusqu'à maintenant. Il se relève toujours, même s'il a envie de hurler quand il est à bout. Au bout. Au début, c'est comme ça. Il est au 36ième dessous. Sa femme vient de mourir. Il hurle. En a marre. Sa vie déjà, c'était pas ça, pas un long fleuve tranquille, hein, mais là ... Ah, là ... oui : c'est pas la joie .... le moins qu'on puisse dire.

Là dessus, boum : il croise Maria. Sa corde. Il la voit. Il la suit, elle est fraîche, pleine de vie, jolie. Mais repensez à Bacon : c'est pas ça le plus important. quelque-chose dans le regard ? La démarche ? On sait pas. Il la suit. C'est pas du délire de bobo ! Elle se jette pas dans ses bras pour le plaisir, pour l'expérience ! Brando, là, c'est pas le genre papa-poule ou mec qui a réussi, c'est pas la tête du mec qui va te faire sentir femme, et te serrer dans ses bras, t'offrir tout ce que tu veux, c'est deux existences déchirées, et ça se rencontre là, dans un appartement insalubre aux couleurs violentes et vides de Bacon.
Qu'est-ce qu'elle veut elle ? C'est pas qu'une affaire de s'encanailler ! Elle s'accroche trop pour ça ! Elle le veut son Marlon !Toujours elle essaye de lui raconter sa vie. De lui refourguer de la tranche de vécu, en loucedé ! De pleine gamelles après l'amour ! C'est ça qu'elle veut. Et Même pas elle la raconte, sa vie, c'est bien ça le pire ! Pour le coup : c'est bourgeois. C'est de la sale manie : elle se l'invente, par des histoires ! Et que veut-elle, la petite, en bonus ? Elle veut que "le veuf, l'inconsolé", pour taper dans la référence poétique, se prenne au jeu !Et pourquoi pas ? Mais qu'il y aille, qu'il s'y essaye : qu'il se lance, on verra ! Vas-y le veuf ! Réinvente-toi une petite vie ! Amuse-nous ! Raconte-la joliment, en y mettant le ton, le petit sourire et tout ! Ridicule ! Le type il vient de mettre sa femme dans son lit de mort, sa femme qui le trompait, et il devrait compter fleurette ? C'est à se tordre tant c'est comique ... Nan mais des fois ... je vous jure ...

La petite Maria, elle a une conception bien mesquine de l'amour. Bien bête au fond. Elle veut pas la personne, le corps, la masse pesante et suante, elle veut la légende, l'histoire, la petite mythologie personnelle. Elle veut pouvoir se réinventer un soi tout neuf. Tout rutilant pour son nouvelle amant. Le voir, son nouveau soi, prendre vie, là, en l'autre. Que l'autre y fasse référence, s'y intéresse. Y croie. dur comme fer. Lui raconte des choses, une histoire. Elle veut pas un homme, mais une histoire déjà lancée, s'y accrocher. Comme un wagon à la locomotive. Et suivre les rails, se laisser prendre en voyage. Histoire contre histoire. Avoir l'illusion que les deux histoires n'en font plus qu'une, n'en n'ont jamais fait qu'une, qu'ils étaient fait pour se rencontrer, toute la vie du Brando ! Pour la Maria ! Pour ce jour-là ! Pas qu'une coucherie !
C'est de ça que le bonhomme il veut pas. Comédie tout ça. Déjà soupé merci. Il veut pas la vie figée, passée, réinventée. Il en a plus, de passé ! Et plus assez d'avenir pour donner sens à ces sornettes ! Il veut pas le corps non plus. Des corps il en a eu. Il veut sa vie. Sa vitalité. Son énergie. Il veut sa vie présente, en train de se vivre, en train de mourir de seconde en seconde, en train de mourir à ses lèvres, pas des mensonges. Elle. Maintenant. Tout de suite. Comme elle se présente. Comme elle est. C'est ça qu'il veut lui faire vivre, lui faire ressentir. Ça, pas autre chose. D'où le beurre ! Pas gratuit le beurre ! Et oui ! Parce que. Qu'est-ce qu'elle est à la fin ? Une histoire ? Un récit de circonstance ? Ou un corps qui vit, avec des veines qui palpitent ? Avec des lèvres qui tremblent ? De la peau morte qui tombe et un derrière qui saigne ? Le passé c'est pas elle, le passé, il compte pas tant que ça. elle c'est ça. Une douleur. qui s'apaise. Peut-être.

Bien souvent on s'arrête là. On a Marlon, on a Maria. Content le gars. Il te passe un tiers du film sous la table. S'en sort bien qu'il pense.
non mais oh ! Et Léaud ? Merdoc' ! Il est là lui aussi ! S'il est là c'est qu'il est important ! Non ? On va pas le taire et le piétiner bêtassement parce qu'il nous agace ! Si ? Et c'est vrai qu'il nous agace ! Ah ça je dis pas le contraire ! Il m'irrite, moi ! Il m'énerve ! Et Les trucs affligeants qu'il te raconte ! Mon dieu ! Quelle tête à claques ! Et les grands gestes dramatiques qu'il te fait ! Et faut voir encore ce qu'il lui veut, à la Maria ! C'est à faire peur !

La vie de Maria. En train de se vivre au présent, sauce direct-live. En train de mourir de seconde en seconde, qu'il faut prendre sur le vif. Il en veut à votre avis ? Il veut qu'elle le vive ça ? Qu'elle le ressente ? Ce présent qu'il faut vivre, parce que le passé ça dure qu'un temps ; qu'après ça meurt dans la baignoire ... Non ! Il le dit ! Avec lui, sa vie et son présent, son corps : c'est plus du tout ce que ça semble lui être, à elle, mais c'est déjà du cinéma ! Ça lui échappe ! N'appartient qu'au spectateur. Et ce cinéma c'est quoi ? C'est là que c'est dégueulasse.
Il fait un film. Veut filmer le passé de son amie, son jardin secret. Ses souvenirs oubliés, pour tout savoir d'elle. Faire le film à l'envers, il veut le passé, oui, ohoh mais à quel prix ! Même ce qu'elle a oublié, ce qui n'est pas important : il veut le livrer à la caméra. En faire du cinéma. Le lui voler pour le donner aux autres ! Sans rien lui demander. Ce type, il veut pas son corps, sa vie, il ne veut que son histoire ! Pas l'histoire telle qu'elle peut le raconter. mais telle qu'elle était. Les faits. L'horreur sans nom. Sa vie, sans prise aucune, ce qu'elle voudrait cacher. Même à elle-même ...

C'est pour ça qu'à bout elle hurle ! Elle en a marre d'être violée qu'elle nous dit. Maria, elle est jamais prise en entier ! Corps et mythologie ! corps et racontar. Présent en train de se vivre et passé en passe d'être digéré. Elle veut être prise tout entière ! Elle y a droit ! C'est ça une relation ! Rejeter un bout, c'est du viol ! Prendre son corps seul, son histoire seule, c'est du viol ! La prendre que pour le bout qu'on veut, ou y plaquer ce qu'on veut, c'est pas réglo. C'est ce que font les parents, les proches, ils acceptent jamais ce qu'on peut être, ce qu'on dit de nous, c'est lettre morte. Et quand ils me lisent ils me disent : on s'attendait pas à ça de toi ... D'un air déçu. Tristoune. Mais j'ai trahi personne moi. J'ai toujours dit ! C'est eux qu'écoutaient pas ! Comprenaient pas. moi toujours dit ...

Le pire, c'est que Brando à la fin il comprend. Il accepte. Il lui a fallut le temps. A la fin, il la poursuit, lui raconte sa vie. Trop tard. Tant pis. C'est la vie ; c'est bien ça le drame.
lociincerti
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le 10 août 2012

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Loci Incerti

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