Ne pas se laisser décourager par les premiers plans, qui annoncent un irritant pastiche de nouvelle vague parisien. S'il en a parfois les tics, "Le dernier tango à Paris" a bien plus à offrir, à commencer par une histoire de couple profondément irrespectueuse des conventions cinématographiques et sociales. Quelque chose, de vrai, de sincère, un côté lucide et sans fards qui fait voler en éclats la conception même de l'amour. Les personnages se disent "je t'aime", mais au fond c'est bien autre chose, un sentiment qui n'a pas de nom, qui les rapproche autant qu'il finit par les éloigner l'un de l'autre.
Pas de place pour le mariage, le foyer, le bonheur, la famille ici. Juste deux êtres qui s'aident mutuellement à s'oublier et à revenir au dénuement animal, à l'essentiel, pour mieux se couper du poids de la vie en société. De quoi rendre le film de Bertolucci misanthrope, antisocial, parfois sinistre. Ce serait oublier qu'il est aussi et surtout un sensible et tonitruant hymne à la vie et à la liberté.