Le Deuxième Acte sera surement aussi clivant que son réalisateur, qui décide d’ouvrir son film de manière très godardienne :
après une monté en puissance de la musique et un enchainement de carton, on attend le titre du film… et non, grande cut abrupt au son et à l’image puis looong plan fixe d’une voiture qui se gare…
Pas révolutionnaire mais ça annonce la couleur.
Quentin Dupieux se livre, ici encore, à une exercice de style dont il a l’habitude. Après Daaaaaali ! il continue dans la mise en abîme du monde du cinéma, et en délivre une vision absurde, absurde dont il a fait un genre à part entière. Les longs plans séquences tout en traveling du début laisse libre court au casting trois étoiles pour se livrer à des performances délirantes (notamment Vincent Lindon, complètement hallucinant en boomer sceptico-alarmiste, capable de retourner sa veste en quelques secondes), et permettent à des dialogues vifs et drôles, incarnés par des acteurs décomplexés, de toucher juste. Tout le patacaisse méta et absurde est de sortie, mais si vous avez survécu à Daaaaaali ! , Fumer fait tousser ou Le Daim, ça devrait bien se passer. L'Oizo essaie ainsi de nous perdre entre réalité et fiction, de mise en abime, en mise abime, en mise en abime, jusqu'à ce que l'on ne sache d'où l'on regarde. Le rythme retombe donc un peu dans cette deuxième partie ou il insiste sur ce point là, avec notamment une scène magique où Quenard et Lindon se costument pour partir du tournage.
Dupieux aborde tout les thèmes, même les plus « Cancel » comme dit dans le film et est ouvertement critique. Je ne pense pas qu’il faille analyser les éléments pseudo politiques ou philosophiques du film, au risque que ce dernier perdre de sa saveur mais se contenter de les prendre comme ils viennent. C’est une oeuvre à prendre telle quelle, avec ses aspérités et une deuxième partie qui perd de son mordant c’est vrai. Il en reste quand même un sacré sentiment de liberté et d’heureuse bêtise, qui me laisse un agréable goût de reviens-y…