Comme mes petits camarades, je retrouve dans ce film les thèmes classiques développés par Dupieux depuis au moins son premier long-métrage, Nonfilm. Là encore on a affaire à une mise en abime, où le film dans le film, la fiction, devient le réel, et où le réel dans le film devient l'on en sait quoi (peut-être la fiction, si l'on en croit le message du film qui nous est révélé à la fin par le personnage incarné par Louis Garrel). Le genre du cinéma Dupiesque c'est le surréalisme et/ou l'absurde (ici, c'est plus absurde que surréaliste, comme dans Yannick ou Le Daim). Ses thèmes, c'est la confusion entre fiction et réalité, c'est le cinéma, et c'est bien entendu le mélange des deux : la place du cinéma (comme dans Nonfilm, dans Réalité ou dans Daaaaaaali ! dans une certaine mesure), ou du spectacle en général (si on pense au théâtre dans Yannick ou dans Au poste !), et surtout du spectateur dans ce spectacle. Celui-ci n'est-il qu'un simple spectateur, ou partie prenante de la création en cours ? L'artiste, sur scène, est-il dans la fiction, ou dans la réalité ? Est-ce que l’œuvre s'achève à l'arrivée du générique ?

Dire cela, c'est devoir aussi admettre l'incroyable régularité dans la créativité de Dupieux, c'est-à-dire finalement sa dimension prévisible. Lorsqu'on regarde Le Deuxième Acte, on se dit rapidement, avec le sourire que "Oui, on a bien affaire à du Dupieux", mais au deuxième acte, précisément, en tout cas en deuxième partie de film, le soufflé retombe, non seulement parce que ce n'est pas au niveau de la première partie, mais aussi parce qu'on commence à bien connaître les ficelles de notre respecté réalisateur. On est plus surpris, une impression de déjà-vu un peu.


Le casting m'a totalement emballé, bien évidemment avec un attachement particulier à Vincent Lindon et Raphaël Quenard dont l'interprétation, et surtout l'interaction, sont source intarissable de rires. Le film est drôle, et c'est devenu source rare aujourd'hui, c'est donc tout à l'honneur de ce film. Les dialogues sont la perle du film, un peu comme dans Yannick (mais pas aussi bien, pas aussi drôle, même si on est dans le même sillon), et c'est ce qui fait que même si on connaît bien la recette Dupieux, on en remange volontiers, parce que les lignes de dialogues, prononcées par des acteurs et actrices qu'on aime, c'est toujours autant d'interactions et de situations nouvelles qui contribuent à nous offrir chaque fois une expérience unique.

Vivement le prochain !

Aune
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le 15 mai 2024

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