Je dois manquer d’humour car j’ai si peu ri devant ce énième film de Quentin Dupieux qui, à force de tourner trois films par an et de réutiliser les mêmes ficelles, finit par se répéter. Les acteurs semblent s’amuser à l’écran, moi un peu moins.
Florence veut présenter David, l’homme dont elle est follement amoureuse, à son père Guillaume. Mais David n’est pas attiré par Florence et souhaite s’en débarrasser en la jetant dans les bras de son ami Willy. Les quatre personnages se retrouvent dans un restaurant au milieu de nulle part.
'Le Deuxième acte’ confirme que Quentin Dupieux est largement surcoté. Le film est sorti ces derniers jours, fort (comme à chaque fois) d’un accueil dithyrambique de la critique française. Dupieux semble être pour la critique à la fois la réincarnation de Jacques Tati, de Luis Buñuel et du Bertrand Blier des années 80 en un seul corps. « [Dupieux] doué et malin » pour Le Figaro, « en prise avec les problématiques du présent » selon Les Inrocks, « une satire percutante » pour Télérama.
Cet accueil critique unanime et systématique me pose problème car je suis loin d’être de cet avis. Sa meilleure comédie est incontestablement ‘Incroyable mais vrai’, une fable drôle sur la quête de jeunesse éternelle. ‘Daaaaaalí !’ était assez réussi mais sans jamais rendre à l’écran ce qui faisait la particularité de l’artiste espagnol. ‘Yannick’ était un sympathique coup d’éclat mais ‘Fumer fait tousser’ était une horreur absolue.
Pour situer ‘Le Deuxième acte’ dans la filmographie récente (cinq films en trois ans tout de même !), je dirais qu’il se situe juste devant ‘Fumer fait tousser’. On rie parfois (trop rarement cependant) mais j’ai plutôt été étranger à ce que je voyais, trouvant le temps assez long malgré la durée assez courte du film (1h20 et des poussières).
Ne pas se fier au résumé du film. Il ne concerne qu’une petite partie de celui-ci. Car Quentin Dupieux oblige, attention spoiler !!! (Si vous ne souhaitez pas être divulgâchés, n’allez pas plus loin !), il s’agit d’une mise en abyme. Cette intrigue correspond en fait au tournage d’un film dans le film. On découvrira plus tard que le film raconte en fait le tournage d’un film racontant lui-même le tournage d’un film. Le film dans le film du film correspondant à l’intrigue résumée plus haut. C’est la seule surprise du film et encore surprise est un grand mot car Dupieux utilisait déjà cet effet dans ‘Au poste !’ en 2019 et commençait à en abuser dans ‘Daaaaaalí !’. Quentin Dupieux commence un peu à s’auto-parodier en réutilisant ad nauseam les mêmes effets.
Il est évident, qu’avec ‘Le Deuxième acte’, Dupieux se paie les acteurs, leurs égos, leur snobisme. Il y a des tacles parfois bien sentis. Entre l’acteur dans le placard et celui qui s’enorgueillit de tourner avec Paul Thomas Andersson. Mais j’avoue avoir un peu ricané en lisant la critique des Inrocks qui loue le timing parfait du film qui évoque « la menace des agressions sexuelles sur un plateau, la violence sociale à l’égard des professionnels du cinéma les moins reconnus ». La réalité est que le film ne fait qu’effleurer ces questions en se contentant que de quelques piques de-ci, de-là. Mais Dupieux manque cruellement de profondeur pour ouvrir des discussions un tant soit peu élaborées.
Cela-dit, je mentirais si je n’avouais pas avoir ri par moment. La mère (jouée par l’excellente Hélène Alexandridis) qui moque cruellement l’absence de talent de sa fille, c’est hilarant. Le gag du serveur/figurant maladroit et stressé, c’est un gag assez drôle quoiqu’un peu étiré. Sinon, Léa Seydoux se révèle être une actrice comique évidente. Raphaël Quenard et Vincent Lindon ont une complicité inattendue.
Sinon, Dupieux retrouve l’esthétique qui lui est propre (avec ces dinners à l’américaine sinistres, perdus au milieu de nulle part). En fait, rien de vraiment neuf sous le soleil Dupieux.