Contradiction essentielle du dispositif, qui voudrait faire dériver vers le réel, vers le naturalisme le plus pur sans laisser le naturalisme réellement affleurer tant il est inscrit dans le scénario (et que c’est ça l’art de Dupieux, et ou il s’hallucine grand sagace et artiste). C’est que son cinéma officie en bande et que la perversité du dispositif ne pourrait sourdre qu’en cas de véracité, que le trouble se donne prodigue quant il n’est pas une affaire réglée, millimétrée. Le sardonique dupieux derechef célébré, il s’agit de tout subsumer dans cette grande farandole ironique, donc la mise en abîme désinvolte et sans sérieux, le plus trivial des principes postmodernes, enrégimenté dans le petit rire bourgeois (d’aucuns se flattent de s’en saisir) qui ne produit, interroge rien. Pour être un grand film, et pour que Dupieux soit un grand cinéaste d’acteur, il faudrait que ses films se fassent document plus large que la Persona (qui infortunèment est déjà toute entière tendue vers ce qu’exalte le publicitaire: la caricature) que ces Saturnes (c’est que tout cinéaste se doit de trouver une méthode par-delà le scénario de mise en scène des acteurs; "le cinéma est toujours affaire de théâtre", ici il demeure affaire de publicité et de mise en image stylisée) de l’image, mais qu’on en respire enfin du vrai. Ai-je du vrai (en cette dialectique de quérir le vrai comme un instant du faux) Quénard, Seydoux, Lindon et Garrel ou ai-je déjà l’image d’un Quénard- image que Dupieux a dans Yannick par ailleurs conspiré à figer, davantage que d’en produire l’examen- oscillant dans sa propre caricature mortifère, qui
A défaut du plaisir incertain et du régime épiphanie d’une décoction dans l’espace et dans le temps, le plan-séquence se louvoie ici dans ce qu’il a de plus empêchant et de stérile, l’étirement illustratif d’un déjà-la qui rejoindrait sa nature viciée de théâtre filmé. L’indigence des révolutions (révulsions) de Dupieux, est d’achever d’escamoter le réel par le truchement d’un supplément d’imaginaire pusillanime, vain, un plot twist des plus entendu et qui vient convier tout ce vers quoi a toujours convergé son petit cinéma de malin, car c’est en quoi se résorbe son cinema, le malin étant celui qui use d’effets de théâtralité convenus pour affirmer son oblative autorité intellectuelle, c’est un sachant plutôt qu’un penseur, un démagogue plutôt qu’un fureteur.