Ce film policier d'Alain Corneau est le remake fidèle, au scénario sinon au style, du film du même titre de Jean-Pierre Melville. D'après un sujet de Joé Giovanni, cette histoire de gangsters, de braquages et de règlements de compte séduit, tout du moins chez Melville, par sa diversité scénaristique, cette façon de prendre son temps qui la différencie des polars similaires généralement plus condensés et stéréotypés.
Disons-le, Corneau et les siens subissent d'emblée la comparaison avec le cinéma de Melville. Daniel Auteuil, dont on ne croit pas un seul instant qu'il est ce tueur de sang-froid évadé de prison, n'est évidemment pas Lino Ventura; Michel Blanc, le flic très sagace qui le traque, n'est pas Paul Meurisse. On ne leur en veut pas d'être ce qu'ils sont mais leurs devanciers étaient d'une autre trempe dans ces emplois. Dans le rôle féminin, épisodique, du film, Monica Bellucci se voit offrir un certain nombres de scènes toutes aussi inutiles et insignifiantes les unes que les autres.
Mais, en définitive, ce sont les choix artistico-esthétisants de Corneau qui plombent son film. Sa reconstitution des années 60 -des décors au langage- est tellement appliquée, avec notamment ces éclairages jaunissant et artificiels, qu'elle fige le récit dans l'exercice de style factice. Le film et les personnages manquent de ce qui faisait la force du polar à la manière de Melville: le caractère et le charisme. Corneau fait dans l'élégance quand Melville donnait dans l'épure tragique.