« Le Diable au corps » de Raymond Radiguet provoqua scandale et polémiques à peu près jusqu’à la fin des années vingt et resta encore un livre à la réputation sulfureuse jusqu’à la fin des années quarante. Le film scénarisé par Jean Aurenche Pierre Bost et réalisé par Claude Autant Lara connut sa période de scandale (il manque deux minutes par rapport à la version initiale de 112 minutes) et polémiques (il fut interdit dans certaines villes de province sous la pression combinées des ligues de moralité et des associations d’anciens combattants), à la fois pour le détournement de mineur et pour la manière acide dont il écorne le patriotisme de circonstance, la scène du bar à la fin du film et les drapeaux qui apparaissent à la fenêtre du détestable couple de concierges font preuve d’une remarquable maestria technique. En exceptant une mise en place inégale, une scène d’amour qui se limite à un long plan sur les flammes d’un âtre et la plate musique de René Cloërec, le film fait preuve d’une grande maîtrise avec une mention particulière à la direction d’acteur. A commencer par Gérard Philippe qui ne voulait pas du rôle, se trouvant trop vieux (25 ans) et Micheline Presle dont c’est la plus belle performance d’actrice. Mais aussi Denise Grey mère à la fois terrible mais émouvante, mentant pour tenter un sauvetage désespéré devant la fuite en avant de sa fille et Jean Debucourt père bienveillant qui tente d’apprendre la vie à son fils. Si les grands moments ne manquent pas, la vision du film de nos jours questionne. Les côtés scandaleux qui paraissent bien mièvres, comme le rythme inégal du film, en font une œuvre datée. La nouvelle vague en général et François Truffaut en particulier, s’est acharnée sur Autant-Lara et « Le diable au corps » est devenu l’exemple du classicisme ringard. Exagéré et injuste.

Ronny1
6
Écrit par

Créée

le 18 mars 2021

Critique lue 116 fois

Ronny1

Écrit par

Critique lue 116 fois

D'autres avis sur Le Diable au corps

Le Diable au corps
Elsa_la_Cinéphile
7

Trop de transgressions pour l'époque, qui nous charment aujourd'hui

J'avais vaguement en mémoire la version de 1986 de Marco Bellocchio et j'ai cru que je revoyais ce film. Je me suis très vite aperçue que ce n'était pas la même époque de tournage ! Ce film n'en...

le 16 août 2016

8 j'aime

Le Diable au corps
Morrinson
6

Un poilu cocu

En montrant à la France de 1947, deux ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, l'histoire d'un poilu trompé par sa femme pendant la Première, le scandale ne se fit pas attendre. Malgré les...

le 7 juil. 2016

8 j'aime

2

Le Diable au corps
Caine78
5

Critique de Le Diable au corps par Caine78

Un « grand classique », un vrai de vrai, le genre de film que vous êtes plus ou moins obligé d'aimer avant même de l'avoir vu... Malheureusement pour moi, je ne fais pas partie des heureux élus ayant...

le 29 mars 2018

1 j'aime

Du même critique

Du sang dans la prairie
Ronny1
5

Le bouille à Bess

« Hell Bent » (curieusement traduit par « Du sang dans la prairie ») est le neuvième long métrage de John Ford. La copie qui circule actuellement est une version hongroise avec des intertitres en...

le 4 juin 2021

4 j'aime

La Mort en ce jardin
Ronny1
6

Simone Signoret et la jungle

Dans « La mort en ce jardin » les amateurs de Buñuel retrouveront le sexe et la mort, la dictature avec la compromission de l’église, mais qui furent traités avec plus de profondeur dans les...

le 5 mai 2021

4 j'aime

La Toile de l'araignée
Ronny1
7

Faites nous donc un dessein

« La toile d’araignée », adapté par John Paxton d’un roman de William Gibson, se présente au premier abord comme une étude sur le monde psychiatrique. De fait le film traite essentiellement de notre...

le 27 nov. 2020

4 j'aime