J'admire Bresson, mais en voyant ses films je me rends progressivement compte de ce qui m'empêche d'adhérer complètement à son art ; et c'est autre chose que l'aridité de l'oeuvre, ou alors c'est précisément cette aridité, mais ce en quoi tient réellement cette aridité - au-delà du jeu d'acteur éteint, des dialogues laconiques, de l'absence de musique, etc. Je crois ce qui rend ce cinéma difficile, en tout cas à mes yeux, c'est l'absence de mystère ; rien n'échappe à Bresson - pas un sourcillement des acteurs, pas un recadrage hasardeux - et donc rien n'échappe au spectateur. Bien sûr, il y a l'idée du "Less is more" mais je ne crois pas à ça, en tout cas pas un à "Less" qui serait géométrique comme un "Specific object" de Donald Judd. Alors oui je vois la beauté de la forme, qui a peu d'égales dans l'histoire du cinéma, je vois des visages fascinants, rendus fascinants par la caméra, je perçois la puissance des associations images/sons (comme cette seringue plantée dans le bras au son de la messe), mais il y a quelque chose qui m'empêche d'aimer vraiment ça, car toutes les choses chez Bresson - en tout cas dans ce film - ont l'air de ce qu'elles sont ; rien ne déborde - oserai-je dire "rien ne vit" ?

Neumeister
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le 25 août 2016

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