Kirill Serebrennikov est un agitateur culturel tous azimuts en Russie, plus connu d'ailleurs par ses mises en scène de théâtre que par ses films. Le disciple vient d'ailleurs d'une pièce allemande qui il est vrai s'adapte parfaitement à cette parabole on ne peut plus russe avec son personnage dostoïevskien de prophète en première ligne. Un individu parfaitement antipathique que l'on doit "subir" pendant près de 2 heures avec ses citations bibliques en bandoulière adaptées à toute circonstance. Film âpre, exigeant, provocateur et étouffant, Le disciple court le risque d'être interprété au premier degré et vu comme une charge violente contre la religion chrétienne. Ce qu'il n'est pas car plutôt conçu comme une parabole qui montre les dérives du fanatisme assorti de la manipulation des âmes et de la soumission à celui qui parle le plus fort. Certes, le film est parfois pesant dans sa démonstration, nonobstant quelques pointes d'humour noir, mais sa densité et son acharnement à ne jamais lâcher le morceau sont puissants. Serebrennikov rejoint d'ailleurs les grands cinéastes russes du moment, Zviaguintsev et Bykov, par ces mêmes qualités. La mise en scène du Disciple, notamment avec de brillants plans séquences, participe de ce sentiment de malaise qui étreint devant un film inconfortable et verbeux mais hautement recommandable surtout s'il est suivi d'un débat contradictoire à l'issue de la séance.