Une réussite incontestable, qui prend ses distances avec le livre (et sans doute aussi un peu avec la réalité) pour montrer le parcours d'un homme vers l'accomplissement en tant qu'être humain et en tant que leader. Tom Hooper s'attache aussi à étudier la naissance d'une amitié hors du commun sur bien des points. Sa mise en scène inspirée, baignée dans le fog londonien, exploite le potentiel du grand angle autant pour confronter deux mondes qui s'entrechoquent, que pour retranscrire les craintes et les doutes du duc d'York.
Celui-ci reprend brillamment vie sous les traits d'un Colin Firth en état de grâce, dont le travail sur la gestuelle, l'intonation et l'émotion forcent le respect éternel. Face à lui, Geoffrey Rush est tout aussi irrésistible, rappelant que sa silhouette et son flegme se font bien trop rares dans le cinéma de qualité ces dernières années. Leur duo fonctionne à merveille et est amené avec beaucoup d'humour et de sensibilité. Dans un rôle capital, Helena Bonham Carter, tout en douceur et en détermination, se montre également bouleversante. Tout cela au milieu d'un grand casting complété sans fausse note par Michael Gambon, Timothy Spall ou encore Guy Pearce.
La patte d'Alexandre Desplat joue pour beaucoup dans la capacité du film à tirer sur la corde sensible. Son score est complété par une utilisation judicieuse de la 7ème Symphonie de Beethoven, qui rend le dernier discours mémorable et achève de convaincre qu'un chef-d'oeuvre est en train de se conclure sous nos yeux humides.