Le pari du discours d'un roi était risqué. A sortir de la salle après l'envol d'un enchantement réel les critiques fusent. Trop historisant ou pas assez, mélodramatique ou retenu c'est selon. On retiendra au bout du compte le portrait d'un homme en proie à des obligations le dépassant, face à un destin auquel il ne sait faire face. C'est aussi le récit d'une amitié qui se dessine enchanteresque mais improblable.
George VI, prince est bègue et amené à l'heure des prémices de l'audio-visuel à devenir roi. On nous dit que ce roi bègue aura été un des acteurs phares de la résistance durant la Seconde Guerre mondiale, pourfendeur national de l'opprimé du continent, des bombes bolches et autres similitudes charmantes. Si sous fond de trâme historique, le film n'en fait cependant pas son leitmotiv. Le bégaiement ne semble être que le tord de traumatismes enfantins comme nous l'apprend une psychanalyse un peu arrosée sous fond cadavérique et symphonies beethoviennes. On peut donc reprocher au film, certes d'en faire trop. De jouer dans le pathos, la dramatisation totale de ce qui n'est jamais qu'un léger handicape et la surrestimation du caractère héroïque de la performance d'un roi qui semble pour être passé chez l'orthophoniste enfin avoir apprit à parler correctement. Dehors le peuple l'acclame presque comme un messie alors qu'on aurait pu croire voir ici l'angoisse des bombardements.

Pour autant juger le Discours d'un roi ici serait absurde. La question serait de savoir si le film revait un caractère politique ou non ? Pas tant que ça. Car le titre du film en soit est révélateur. Il s'agit du discours d'un roi et non d'un homme. Par conséquent de la recherche qu'opère Bertie face à des obligations qui le dépassent et qu'il respecte par trop.
L'histoire de ce bégaiment ne saurait être minimisée à une simple thérapie et le film à celui-ci, et encore moins à une propagande pro-occidentale de mauvais gout comme j'aurais pu l'entendre dire. Du moins – si on peut dire cela - : là n'était pas le propos. C'est avant tout l'histoire d'un homme face à ses angoisses et ses obligations.

La force du discours d'un roi repose sur les rapports humains se développants. Geoffrey Rush joue admirablement et mérite sa nomination aux Oscars pour un jeu tout en finesse, tour à tour drôle ou touchant. Il s'agit ici de relativiser, de remettre en cause un snobisme trop pédant tentant à déïfier des personnalités. L'enfer c'est les autres nous dit-on et c'est précisément ce que ressent un roi un peu trop timide face à l'immensité de la tâche qui lui incombe. La force du personnage tient dans son ambiguité : trop et pas assez de modestie à la fois, la recherche d'un entre-deux difficile à trouver entre différents familiaux, obligations et difficultés. Bertie ne saurait accepter que l'orthophoniste le traite d'égal à égal mais pourtant panique dans par exemple, la – il faut le souligner – très belle scène d'ouverture. La caméra capte des regards angoissés mais non surjoués et sait garder de la distance. L'angoisse est très joliment captée et si le synopsis est sans surprise le tout laisse une agréable impression, sentiment de puissance.

Helena Bonham Carter apporte sa couche de charme et de caractère au film, sorte de trame amusante revenant. Si le discours d'un roi enfin reste un bon film, il ne fera pas date. D'un classicisme assez poussé, il laisse une impression curieuse qu'on mettra sur le compte de ce différent ou dialogue perpétuel à savoir : est-ce un film historique ou non. Parle-t-on de Bertie, bègue de son état ou de George VI. Si la question ne saurait-être éludée d'un coup d'un seul, des propos trop caricaturaux ne font pas justice à ce film qui malgrè quelques lourdeurs reste un très bel instant.
Shah
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le 1 févr. 2011

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