Un scénario lisse pour des acteurs prodigieux

En sortant de la salle de cinéma, je me suis retrouvé habité par deux impressions diamétralement opposées.


La bonne impression, excellente même repose sur le jeu des acteurs. J'ai pu voir deux comédiens au sommet de leur art. Colin Firth incarne un Georges VI de haute volée, et retranscrit le handicap du défunt roi avec brio. Toute la solitude du bègue est dépeinte avec justesse par son jeu brillant, ses colères subites, ses angoisses face au public, le "corset de conventions" du à son rôle de prince, puis de monarque aggravant sa tristesse à ne pas pouvoir être ce qu'on attend de lui.


Geoffrey Rush quant à lui incarne parfaitement ce thérapeute du langage autodidacte, jouant avec les conventions; les transgressant, qualifiant son patient de "Bertie", s'immiscant dans le cercle de ses proches pour mieux l'aider à surmonter son handicap.


J'ai également trouvé Helena Bonham Carter très à l'aise dans son rôle, quoiqu'un ton au dessous du tandem principal.


La réalisation est de très bonne facture, quoiqu'un peu classique à mon goût, mais elle se prête au film "historique". La musique, empruntée à Mozart et consorts ne peut être qu'agréable à l'oreille...


Voilà pour les points positifs.


Passons au négatif. Le scénario. Je vais certainement en choquer mais à mon sens, l'oscar du scénario n'est pas mérité.


Un personnage comme le roi Georges VI, ainsi que le contexte politique exceptionnel de la seconde guerre mondiale aurait permis un film d'une toute autre profondeur. Or, c'est à croire que le film refuse d'aborder les sujets qui dérangent. Que Edouard VIII eut été un admirateur d'Hitler n'est qu'à peine suggéré. Suite à son abdication, les relations tendues avec son frère "Bertie" sont totalement absentes du film. Que Churchill ait soutenu Edouard VIII passe également à la trappe. Accessoirement, le Churchill proposé à l'écran est assez déroutant tant il est peu conforme au personnage historique "réel".


Georges VI est devenu un grand roi pendant la seconde guerre mondiale. Or le film s'arrête aux prémices de ce conflit.


Je sais bien que le sujet du film n'est pas un biopic, mais il me semble dommage que ne soit pas retranscrit un Georges VI présent auprès de son peuple durant les bombardements. Le rôle d'un roi en tant que représentant de son peuple durant le conflit le plus meurtrier de l'histoire... Ça me faisait saliver, j'avoue.


Plus généralement, l'histoire m'a paru "lisse", sans dynamisme, trop centrée sur la relation entre Bertie et Lionel. Quelques longueurs auraient pu être supprimées pour aborder le contexte de l'Angleterre en général avant la guerre, de son peuple, finalement très absent du film alors que le "discours" leur est adressé.


Je suis certainement sévère, la plupart des spectateurs ne s'étant certainement pas intéressé à Churchill, Edouard VIII, la seconde guerre mondiale en général des années avant d'aller voir le film.


Bref, j'ai vu un très bon film, bluffé par la prestation de Colin Firth mais déçu par le scénario.


Le Discours d'un roi aurait pu être bien plus à mon sens.

Hypérion
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le 16 mars 2011

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