"Le distrait" est avant tout l'invention d'un personnage singulier dont Pierre Richard se fera encore, dans d'autres de ses films, l'interprète. Ce personnage n'est pas seulement distrait jusqu'à l'absurde, c'est aussi un maladroit farfelu beaucoup plus proche, souvent, du pitre que de l'écervelé poétique.
On conçoit que le burlesque de Pierre Richard et sa gymnastique de clown désarticulé puissent sembler puérils ( ils le sont parfois) et excessifs à une partie du public, mais ce style témoigne d'un esprit comique personnel, comme l'illustrent certaines séquences (notamment la première du film où le personnage, Pierre Malaquet, traine ses valises sous le regard éberlué d'un agent de police) qui sont de véritables sketches.
Par ses gaffes à répétition et ses slogans invariablement morbides, Pierre destabilise à lui-seul l'agence de publicité de Guiton-Bernard Blier, lui aussi très amusant, en plus sobre, par ses mines agacées et par ses colères rentrées sous l'effet apaisant des "gazou-gazou" de Maria Pacôme...
Dynamique et plein d'idées, le film manque néanmoins d'un peu de fond et d'une mise en scène mieux construite, qu'une véritable satire du milieu publicitaire aurait sans doute facilités.