"Quand on exagère, les chose deviennent bien plus intéressantes, vous ne trouvez pas ?" Cette question, posée par Jeanne Balibar à Bertrand Bonnello, représente le leitmotiv du Dos rouge. Le réalisateur, jouant son propre rôle, souhaite faire un film sur la monstruosité. Il s'entoure alors d'une historienne d'art pour trouver la représentation parfaite. Mais existe t-elle ?
Un cinéaste (Antoine Barraud) qui filme un autre cinéaste sur fond de docufiction ? Pourquoi pas. Sur des notes comiques et délibérément élitistes, cet essai cinématographique bourgeois perd le spectateur dès la première image, bien trop assommante pour captiver son auditoire. Celle-ci ne sera que la première d'une longue série de plans fixes interminables, qui finit par lasser de l'art et de son histoire. La naïveté de Bonnello face à la séduction singulière de Balibar est certainement le point le plus attractif du Dos rouge, œuvre décalée et déconcertante.
À travers les pérégrinations de cet artiste à la dérive, le public est tout aussi perdu et ne comprend pas quel message Barraud veut faire passer. La notion de perte d'inspiration, l'égocentrisme du créateur, la futilité artistique ? Finalement, cela n'a guère d'importance, puisque l'auteur multiplie les délires scénaristiques tout en gardant cette rigidité plastique obsédante à l'écran. On comprend le parallèle entre le septième art et la peinture, mais la surenchère théorique est clairement exagérée. Et cela ne rend pas le film plus intéressant, au contraire.
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