J'assume
Amélie Poulain, je défends sans honte. Comme Unfinished Sympathy de Massive Attack, ce film a le don de me mettre dans une petite bulle. Quand j'en ressors, je peux découvrir une cure contre le...
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le 26 oct. 2010
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Le Fabuleux destin d’Amélie Poulain,
Je peux comprendre pourquoi le film divise, pour ma part je me suis laissé emporté par cet univers singulier, il faut dire que j'apprécie les personnages singuliers et peu importe si je me sens en accord ou non avec eux, j'apprécie concevoir le monde différemment de la manière dont je le conçois en temps normal. Le film en cela ne cherche pas a être réaliste mais a nous proposer un univers différent tout en faisant figure d'évocation à des choses simples de la vie qui peuvent toutes et tous nous toucher.
La dimension irréelle du film a pour objectif de projeter une aura poétique, tout dans ce film n’est que poésie. On cherche à faire rêver et à émerveiller le spectateur même si par moment la noirceur du monde resurgit notamment à travers la solitude d’Amélie ou encore les regrets et blessures passées des personnages. Ainsi on rend sublime ce qui est simple, le scénario en lui même est simple, pourtant le traitement de celui-ci que ce soit à travers les couleurs, les décors, l’aura ou encore les personnages est particulièrement singulier.
J’ai été bluffé par la dimension picturale du film si bien que j’ai eu envie de mettre pause durant toute la durée du film, chaque plans donnant l’impression d’être à lui seul un tableau avec parfois une zone d’ombre, un mystère que nous voulons comprendre comme le fait Raymond Dufayel avec les tableaux de Renoir. La dimension synoptique du film est d’ailleurs intégré dans la narration du film, Amélie exprimant qu’elle remarque les petits détails dans les films. Ici tout ce qui trouve dans la composition de l’image semble être réfléchis, un grand soin est accordé au détail. Le film a aussi une dimension synéstésique et va ainsi beaucoup jouer sur différentes sensations et perceptions (couleurs, descriptions du monde faites à l’aveugle, mains dans les graines, orgasmes…). J’ai rarement été aussi affecté par le travail des couleurs d’un film, je n’ai pas forcément chercher à y trouver une signification et même si cela semble simple je n’ai pas eu la volonté de chercher. Ce n’est pas par soucis d’intellect, par manque d’envie mais simplement parce que je préfère laisser l’onirisme du film me transcender.
La force du film est aussi celle de redonner vie à des choses désuètes, du passé, on ressent un sentiment de nostalgie car si le film se déroule en 1997 il y a un certain décalage avec l’époque à laquelle se déroule le film. Peut être parce que Jeunet n’est pas forcément en adéquation avec son époque ou alors encore peut être parce qu’il cherche à capter avant tout l’essence poétique de Paris en se débarrassant du reste. On a l’impression de découvrir un Paris fantasmé et on s’accorde ainsi à montrer ce qui est beau en évitant de montrer ce qui ne l’est pas. Encore une fois ici la volonté est celle de transparaître une certaine poésie, l’univers du film n’est qu’une chimère : résumé par cette phrase “les temps sont dures pour les rêveurs”.
Le film ne cherche alors pas à être réaliste mais à nous faire rêver comme le fait Amélie au quotidien, évitant ainsi de faire face aux déceptions du monde réel. La défiguration du réel apparaît directement dans l’image, avec la scène ou la mère jette le poisson dans l’eau. On aperçoit au départ le poisson puis l’image se brouille, le mouvement de l’eau fait disparaître le poisson de l’image. La complexification de la représentation fait apparaître une eau clair et transparente, la trace du poisson a disparu comme si, Amélie faisait disparaître son désespoir au profit de son imagination comme pour mieux accepter la réalité. Quand la solitude reprend le dessus sur elle, son imagination va alors être aussi capable du pire, à travers des images en noir et blanc reprenant le style de vieux films ou vielles images d'archive, transparaît alors son destin et celui-ci n'a pas l'air d'être "fabuleux" mais au contraire plutôt "funeste". C'est en s’émerveillant des choses simples de la vie ou naïves selon d'autres personnes qu'elle se sauve et que son destin devient fabuleux.
Certains diront que le film est naïf, mais en disant cela je trouve qu’on s’écarte de la simple représentation cinématographique et de l’objectivité d’une critique. L'utilisation du mot “naïf” touche avant tout à la manière que chacun de nous avons de concevoir le monde, il ne s’agit pas d’un argument “objectif”. Ce qui est naïf ne le semble pas pour d’autres et c’est pas pour autant que nous avons tort, même si je vous le concède, cela est assez naïf de notre part x) dans le pire des cas petit rappel : “rater sa vie est un droit inaliénable”.
Quelques longueurs semblent apparaître vers la fin et le récit aurait pu gagner en clarté par moment mais c’est le seul défaut qui me vient à l’esprit, en visionnant le film j’ai pas été gêné par la performance de Jamel Debbouze même si en repensant au film il apparaît clairement qu’il surjoue un peu, je pense que cela convient au personnage et au final il dégage quand même une certaine émotion.
Pour finir, je pense qu’une critique peut donner le nombre d’arguments qu’elle veut, il ne faut pas pour autant qu’elle tombe dans le jugement. Je ne suis peut être pas assez cynique pour écrire des critiques mais je pense que le propre d’une bonne critique outre ses qualités rédactionnelles, est de ne jamais tomber dans le jugement.
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Créée
le 15 août 2020
Critique lue 250 fois
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