Lancés à 100 à l'heure sur les routes d'Italie, un joyeux luron, la quarantaine naissante,grande gueule, sûr de lui, tantôt attachant, tantôt énervant, la représentation littérale du mâle latin, fabuleusement interprété par Vittorio Gassman et un étudiant débonnaire et un peu coincé à qui un jeune Jean-Louis Trintignant prête ses traits, se lancent dans une sorte d'odyssée où ils croiseront tout un tas de personnage représentant toutes les couches sociales de la communauté transalpine.
Mise en scène magistralement par Dino Risi, ce road-movie existentialiste marque le grand début de ce qui sera la comédie à l'italienne de haute volée. Agrémenté d'un vrai regard réaliste , sans jamais tombé dans les excès et les caricatures outrancières qui finiront de l'achever au milieu des années 70, la comedia dell'arte atteint ici son apogée dans un florilège de scènes cocasses.
Manifeste de la vitesse et du tout est permis, ce monument filmique embarque deux personnages très opposés dans un périple joyeux et cocasse qui sous tend un prolongement et surtout une finalité dramatique. Tant le besoin d'aller de l'avant du personnage joué par Gassman au volant de sa Lancia Aurelia lancée à toute vitesse, pétaradante avec son klaxon musical dont il use avec une sorte d'arrogance, porte le sceau d'un irréfutable besoin d'en finir.
Satire douce amère sur la société italienne du boom économique et de la réussite à tout prix, des futilités et de la superficialité, cette comédie n' en oublie pas de dépeindre avec une certaine ironie les différentes facettes redondantes de la petite bourgeoisie se gossant des petites gens et se regardant dans des miroirs pour y trouver un reflet empreint de futilité et de laxisme.
Le jeu d’interprétation des deux protagonistes principaux au somment de leur art est magnifié par une réalisation dynamique emprunte d'une grande modernité de la part du réalisateur des Monstres..
Un sommet de la satire à l'italienne.