Au vu des versions de Rupert Julian, Brian de Palma et même Arthur Lubin, cette adaptation sauce Hammer par Terence Fisher apparaît un peu comme le maillon faible. Celle qu'on aurait adoré aimer mais qui, pour telle ou telle raison, nous empêche de réellement adhérer. Alors, comme vous pouvez le voir, ma note est loin d'être désastreuse, c'est donc que je n'ai pas trouvé ça si mauvais. C'est qu'il faudrait quand même être sacrément nul pour se planter dans les grandes largeurs avec une histoire aussi remarquable et passionnante, ce que n'est pas Fisher. Production Hammer oblige, on a ainsi droit à une ambiance fantastique plutôt convaincante, et malgré des moyens qui auraient mérité d'être plus grands, certains décors, notamment intérieurs, font leur effet, les couleurs comme toujours très seyantes (notamment le rouge), permettant un moment agréable pour les yeux.
Seulement, cette vision s'offre pas mal de libertés vis-à-vis du roman de Gaston Leroux, le dénaturant plus qu'autre chose. En effet, dès que le réalisateur s'éloigne du récit originel, l’œuvre perd de son intérêt, les choix sont peu convaincants, excepté, peut-être, dans la narration,
raconter l'histoire du « Fantôme » en fin de récit et non au début
étant un choix de montage étonnant mais défendable. Ce personnage de nain rajouté, les motivations assez floues du « méchant », notamment à travers certains meurtres incompréhensibles, sa personnalité manquant de mystère et parfois peu cohérente, la quasi-disparition du récit de l'odieux directeur du théâtre, par ailleurs excellemment interprété par Michael Gough et probablement l'un des deux protagonistes les plus réussis de l'œuvre...
Beaucoup de faiblesses empêchant de convaincre réellement, peu aidé également par la prestation insipide d'Heather Sears, celles d'Herbert Lom et Edward de Souza s'avérant un peu plus convaincantes, sans être étourdissantes : lorsque l'on sait que Cary Grant et Christopher Lee avaient été envisagés, difficile de ne pas avoir de regrets... Un œuvre ambitieuse mais un peu « malade », pouvant compter sur son passionnant récit d'origine et un certain sens artistique, nettement moins sur son scénario bancal et des personnages manquant souvent d'intensité. Bilan mitigé.