À la fois timoré par rapport au livre et trop explicite. Le livre parle crument de la déchéance d'Alain et montre son malheur s'exprimer par ses comportements déplacés et ses raisonnements cyniques ; le film euphémise en remplaçant l'héroïne par l'alcool et en représentant un Alain plutôt fréquentable. Le livre est bavard, essaye d'expliquer la spirale psychologique de manière plus intellectuelle que sensible ; le film amplifie se défaut en se voulant trop explicite, par des dialogues sans subtilité et des gros plans insistant grossièrement sur les expressions faciales à saisir, il ne laisse rien à appréhender soi-même, tout arrive déjà mâché et digéré.
Le film ayant aussi peu de relief que le livre, je ne suis pas déçu, mon indifférence reste la même. Oslo 31 août cerne mieux le sujet du livre même si c'est une adaptation très libre.
Sur les thèmes du suicide et de la dépression, je conseille plutôt Suicide d'Édouard Levé, qui me parait un texte plus personnel et plus puissant car moins explicatif, et Un Homme qui dort de Pérec, le texte ou l'adaptation filmique, dont le monologue intérieur part d'un ressenti intime décrit avec une grande acuité.