Le portrait d'Alain Leroy, le feu follet, peut sembler rébarbatif au début du film. La mise en scène de Louis Malle est sombre, froide, lente. La souffrance de l'alcoolique pénitent qu'est Leroy se manifeste, imprécise et grave, sans qu'aucun élément biographique ou psychologique significatif nous renseigne davantage sur le personnage de Maurice Ronet.
Toutefois, à partir du moment où il sort de la maison de repos où il est soigné, pour renouer le contact avec son passé, le héros de Drieu La Rochelle s'éclaire et s'anime, où l'on découvre les raisons d'un mal-être profond. Les anciennes relations qu'Alain rencontre, vieillies et embourgeoisées, nous apprennent la jeunesse tumultueuse et jouissive, entre femmes et alcool, de Leroy. Lui-seul, parmi tous ses compagnons de plaisirs et d'insouciance, parait n'avoir pas su franchir les étapes de la maturité. Avec la certitude d'être passé à côté de l'amour.
L'incapacité à vivre et à communiquer du personnage s'exprime par une insondable détresse et par une touchante vérité psychologique.