Je n'étais pas très tenté, la bande-annonce laissait entrevoir une œuvre ennuyeuse... C'est vraiment le nom de Philippe Lioret qui m'a convaincu de tenter le coup : comme quoi, un excellent réalisateur, ça change vraiment la donne. À la fois simple et limpide dans son cheminement, sobre et d'une grande pureté dans la démarche, « Le Fils de Jean », porté par un magnifique cadre canadien et une belle photographie, témoigne d'une pudeur, d'une douceur de plus en plus rare dans le cinéma français (voire mondial) actuel, n'hésitant pas à prendre son temps sans jamais paraître « poseur » ou prétentieux. L'écriture est discrète mais sensible, sachant donner aux personnages une dimension forte, subtilement intense.
Après, c'est un rythme : ne vous attendez pas à des rebondissements spectaculaires, ce qui n'empêche le scénario d'être habilement construit, livrant au passage de jolies réflexions, notamment sur la notion de famille, à l'image d'une révélation finale que je n'avais pas du tout vu venir. Je ne connaissais que de nom Pierre Deladonchamps, je comprends désormais mieux l'enthousiasme de certains, même s'il est presque éclipsé par l'excellent Gabriel Arcand : j'espère les revoir régulièrement. Un beau film, presque totalement ignoré aux Césars et par le public à sa sortie, qui serait fort bien inspiré de le (re)découvrir devant son petit écran. Merci, M. Lioret.