Après une longue introduction totalement muette à la Melville, où l'on peut voir Charles Bronson revêtant la tenue d'un tueur à gage méthodique qui prépare minutieusement un assassinat, le film propose le portrait de ce personnage solitaire aux rituels mécaniques.
Film sur la passation de pouvoir entre deux générations, le vieux loup solitaire interprété par Bronson et le jeune à qui Jan-Michael Vincent prête ses traits, The Mechanic se centralise exclusivement sur ces deux personnages. Le vieux qui a envie de décrocher forme son remplaçant, un jeune chez qui il dénote une perversité et une méthodologie froide et sans états d'âme, il faut le voir regarder une jeune femme se suicider pour ses beaux yeux sans qu'il en éprouve le moindre remord.
La réalisation de Michael Winner est très directe et percutante quand il s'agit de mettre en avant les principaux attraits de ces deux personnages d'assassins qu'il filme sans empathie, il y a un côté Get Carter dans son côté minimaliste, n'hésitant pas à montrer leur pires facettes. Un Charles Bronson qui paye une prostituée pour qu'elle simule la femme amoureuse, son héritier spirituel qui n'éprouve aucune tristesse lors des obsèques de son propre père, on comprend rapidement que ce n'est pas les sentiments profonds et la moralité qui habite ces deux personnages.
Très seventies dans son maniérisme, les tenues vestimentaires, l'excentricité des personnages, l'esthétisme clinquant tout cela étant soutenu par l'apport d'une musique signée Jerry Fielding, le film est une succession de scènes mettant en place la mécanique du tueur totalement sourd aux artifices extérieurs, ces derniers n'ayant aucune emprise sur lui. Il est déjà d'une autre époque et semble dépassé par cette contre-culture naissante.
Parfois légèrement pompeuse et exagérément outrancière, surtout quand il s'agit des scènes de pure action, la réalisation de Michael Winner demeure tout de même maîtrisée et bien en phase avec le cinéma de l'époque. Moins doué qu'un Don Siegel ou un Robert Aldrich, il est tout de même un cinéaste habile qui sait installer une ambiance et surtout qui s'avère très bon quand il s'agit de contaminer sa mise en scène d'une forme de perversité délicieuse.