You wanted a recording of my voice, well here it is. What you want me
to say is, 'I love you'. Well I don't. I hate you, you little slut...
Brighton , années 30, jolie ville balnéaire paisible d'apparence mais, quand on gratte un tout petit peu la surface, ville sérieusement gangrenée par le banditisme. Un de ses pires représentants n'est autre que notre protagoniste, le très jeune Pinkie Brown, chef psychopathe et paranoïaque d'une bande de gangsters. Après avoir assassiné un journaliste un peu trop gênant, il parvient à séduire et à se marier à une jeune serveuse naïve qui pourrait être un témoin fâcheux du meurtre. Car en effet, la loi anglaise interdit à une épouse de témoigner contre son mari... Mais voilà, la jeune épousée est très loin d'être la seule personne qui pourrait lui nuire... Pinkie a plusieurs ennemis, surtout lui-même...
Car si Jean-Paul Sartre a dit que l'enfer c'est les autres, l'idée dominante qui pourrait ressortir de ce film, c'est que l'enfer c'est d'abord soi-même. L'intrigue ne manque pas d'ironie justement à cause de cela, car si le personnage principal chute ; c'est parce qu'il est incapable de faire confiance à quiconque. Il ne croit pas à la bienveillance de ses hommes, il ne croit pas du tout à l'amour sincère que lui porte sa fraîchement épousée femme. Il va en payer le prix fort (pas de spoiler quand j'écris cela car on se doute très bien que ça ne peut que mal finir pour lui !!!). Et en dehors de lui, l'ironie ne manque pas nous surprendre dans un dernier soubresaut avec une toute fin qui a faussement l'apparence d'un happy-end.
S'il manque d'un véritable metteur en scène avec une véritable patte, d'un par exemple Carol Reed au sommet avec un très anxiogène Huit heures de sursis, grâce à la qualité de son écriture, à quelques scènes grandement réussies tout de même malgré l'absence d'un grand metteur en scène, à l'instar de l'angoissante poursuite dans la fête foraine, et à son interprétation, le film est une belle réussite.
En ce qui concerne l'interprétation, Richard Attenborough est complètement bluffant et inoubliable dans un registre dans lequel je ne l'attendais pas forcément, la mignonne Carol Marsh est touchante en jeune femme sincèrement éprise du dernier type qui mériterait son amour, et on a le droit à un véritable et mémorable festival de "gueules" dans les seconds rôles, mentions particulières pour Harcourt Williams, en avocat marron alcoolique et aigri, et William Hartnell (futur premier Doctor Who de l'Histoire !!!), en homme de main dévoué.
Un film noir Made In UK qui mérite sans conteste le détour.