Oui, viens la prendre ta claque. Au sens propre. Cette claque ce n'est pas le film en lui même. Non. Cette claque, c'est Ma Dong-Seok, aperçu entre autre en train de jouer à chat perché avec sa femme enceinte dans un wagon du dernier train pour Busan.
L'acteur incarne ici le gangster du titre et il représente à mes yeux le véritable point fort de ce film Corréen appréciable sans être inoubliable.
Le gangster donc, véritable force tranquille et pour autant bouillonnante derrière le visage parfois placide de l'acteur. Un faciès qui contraste efficacement avec ses actes d'une brutalité sans concession. Autant le dire d'entrée de jeu, se prendre une claque de Ma Dong-Seok ne fait pas partie des choses que je dois faire avant de mourir. Ou alors éventuellement, la dernière.
L'introduction du personnage vaut d'ailleurs à elle seule le détour. On le découvre dans une salle de sport privatisée pour une occasion spéciale, se défoulant face à un sac de frappe qui l'est tout autant, espèce de Kinder surprise où il ne fait pas bon être la surprise.
Notre homme, bien décidé à ne pas ébranler toute la crainte qu'il inspire à ceux qui voudraient lorgner sur son territoire se retrouve, après une introduction assez laborieuse et un film finalement lancé par l'agression qu'il subit, à devoir s'associer avec un flic pour venir à bout d'un tueur en série injustement qualifié d'assassin dans le titre.
Et malheureusement, si notre parrain de la mafia est superbement écrit et incarné, on ne pourra pas en dire autant de notre policier, jeune chien fou aussi vantard qu'audacieux, tête brulée jouissant perpétuellement de son statut de représentant de l'ordre persuadé d'être intouchable. Idem pour cet assassin au passé à peine esquissé mais faisant inévitablement référence à une enfance difficile. Si le visage fou de Kim Sung-Kyu le rend immédiatement dérangé, il restera majoritairement l'incarnation d'une folie meurtrière pleine de rires et de sourires.
Après une entrée en matière qui ne laissait donc pas présager que du bon à cause de 2 des 3 protagonistes principaux, les choses s'enveniment doucement et l'histoire se met sur les rails d'une course poursuite collaborative mais pas trop où chacun des membres de ce duo va user de ses atouts afin d'identifier notre tueur. Tout l'intérêt de l'intrigue, jusqu'à sa conclusion presque jouissive grâce à quelques flash-backs bien amenés et encore une fois face au visage de Ma Dong-Seok va se jouer sur une traque commune mais des intérêts divergents. La justice contre la justice sauvage. Un peu d'entraide et que le meilleur gagne. Un postulat qui amène, à mesure que l'étau va se resserrer autour de notre tueur, des scènes de plus en plus intéressantes, grâce aussi aux différents enjeux parallèles qui étoffent le récit.
Ainsi, si on est loin de chocs rétiniens, des histoires complexes et de la mise en scène de certains polars "référence" du pays du matin calme (retour dans les années 2000), le gros avantage de ce second film du réalisateur Lee Won-Tae reste qu'il va crescendo malgré un démarrage difficile et une certaine convenance.
Un polar violent, un gangster charismatique qui l'est tout autant et un film qui se termine comme un feu d'artifice de plaisirs coupables.
La justice et la justice sauvage.