Pialat écrit des dialogues, dit-il. Curieuse pratique que de recréer ce qui se dit au plus proche de la réalité. Pour son dernier film, Pialat a poussé le vice jusqu’à faire jouer son fils dont on est incapable de dire s’il était acteur ou garçon ignorant de ce que les caméras faisaient autour de lui.
« Autour », c’est d’ailleurs bien le mot, car les scènes tournées avec Antoine Pialat donnent l’impression qu’il est le cœur de l’attention, la genèse de toute improvisation, et malgré la qualité du travail de Depardieu et Géraldine Pailhas, ils passent pour secondaires. Par ailleurs, la spontanéité que le gamin génère n’est pas égale dans des plans dont il est absent, et qui jurent par ce contraste mais aussi par l’écriture radicalement différente.
Le résultat, c’est que chaque scène paraît être le passage obligatoire d’un pan de l’histoire à un autre, réglée par des acteurs à la grâce et au talent comparable aux figurants de chez Mocky (ça veut dire « nuls ») avec lesquels tout le monde compose heureusement pour constituer cahin-caha un truc qui tienne la route. Et puis ça, c’est réussi, malgré toute l’ostentation avec laquelle Pailhas cache sa nudité à… personne, puisque seule la caméra se tient devant elle.
Bijou d’interprétation, Le garçu est plus expérimental que dramatique, plus familial du côté des acteurs que du spectateur. Pialat a osé pousser, une dernière fois, le bouchon de sa marginalité plus loin, s’en retournant au pays auvergnat avant de quitter les caméras. Familialement exaltant, il est emporté par le fils du réalisateur et… personne ne suit vraiment.
Quantième Art