Le Gendarme se marie par pierrick_D_

Ludovic Cruchot,sous-officier de gendarmerie et veuf endurci,éprouve un coup de foudre réciproque pour la charmante Josépha,veuve d'un colonel.Tout le monde se met à l'espionner pour en savoir plus,ses collègues comme sa fille Nicole.Ce troisième épisode de la célèbre franchise tropézienne attribue de façon inattendue une vie amoureuse à un Cruchot jusque-là défini uniquement par son métier et son statut de père de la jolie Nicole.Le tournage,perturbé et interrompu par les grèves suivant les évènements de mai 68,a été assez tendu entre les producteurs et les acteurs,dont de Funès,qui voulaient travailler,et les techniciens qui voyaient là l'occasion d'obtenir des augmentations de salaire.La production franco-italienne réunit les transalpins de Medusa Distribuzione et la SNC de Gérard Beytout et René Pignères.Jean Girault est toujours aux commandes en tant que réalisateur et coscénariste,rédigeant le script en compagnie de son dialoguiste Jacques Vilfrid.Le musicien René Lefèvre signe comme d'hab une de ses compositions toniques cadrant bien avec l'ambiance déconnante et estivale du film alors que la photo en Eastmancolor sied parfaitement aux couleurs ensoleillées des magnifiques paysages des plages et de l'arrière-pays provençaux.L'histoire est plutôt décousue et s'apparente à une suite de sketches plus ou moins bien reliés entre eux.Ca part donc un peu dans tous les sens,sans ligne narrative définie.La première moitié du film est cependant très agréable et propose un enchaînement de quiproquos et de malentendus souvent hilarants.Les gendarmes banalisés qui se mêlent en civil à la circulation intense de juillet afin de piéger les automobilistes,Cruchot qui poursuit une chauffarde avant de s'aplatir devant cette dame aux relations haut placées puis d'en tomber amoureux,les pataquès provoqués par Nicole et les gendarmes surveillant l'évolution de l'amourette du héros,notamment la stupide manoeuvre de l'adjudant Gerber en boîte de nuit qui va se retourner contre lui,la scène du cours de danse où Cruchot ne veut pas être vu et où il se retrouve enlacé par un truand en fuite déguisé en femme ou Nicole qui surgit attifée en gamine devant Josépha pour foutre la honte à son père qui,par coquetterie,ne voulait pas avouer à sa conquête qu'il avait une fille de vingt ans,tout ça fonctionne bien,même si les gags sont insuffisamment exploités, mais malheureusement le scénario s'essouffle ensuite et devient nettement plus laborieux.Le concours pour passer adjudant-chef,sans ressort et qui s'éternise,les trop longues scènes foireuses chez Josépha,avec les gendarmes qui ne se reconnaissent pas et s'éliminent entre eux ou l'interminable poursuite finale à la "Fantômas" version ratée et l'inévitable apparition providentielle de la religieuse folle de vitesse soeur Clotilde,cette fois juchée sur une moto,laissent au final une regrettable impression de bâclage,d'autant qu'un certain laisser-aller infuse le script et la mise en scène.Ainsi en est-il du comportement de Nicole qui au départ déteste cette femme qui met le grappin sur son papa mais va changer d'avis en une demie-seconde sans raison précise pour en faire sa meilleure amie.Le fait que Cruchot mente sur l'âge de sa fille est également très space.De Funès avait 54 ans à l'époque et ça se voit,alors qu'il ait une fille de sept ans est possible mais peu probable,et de toute manière il sait très bien qu'il va devoir rapidement présenter les deux femmes l'une à l'autre.La rivalité entre Cruchot et Gerber au concours d'adjudant-chef a de quoi laisser pantois.Que l'adjudant s'y présente,très bien,mais que son subordonné,qui est seulement maréchal des logis-chef,puisse prétendre à ce grade ressemble à de la science-fiction vu qu'il est impossible de progresser de deux grades d'un coup dans l'Armée.Quant à l'erreur de résultat due à l'ordinateur,on la voit venir de loin.On pourrait évoquer aussi ce faux-raccord de la mort lors du kidnapping de Josépha en pleine nuit,suivi brusquement d'une poursuite en plein jour,ou encore le mariage de Nicole,dont il n'a à aucun moment été fait mention au préalable.La distribution d'origine est toujours là mais de Funès,impérial dans un registre comique étendu,et un Michel Galabru non moins brillant en chef vacillant sur son socle,se taillent largement la part du lion.Leurs adjoints sont peu en vue mais font impeccablement le job,qu'il s'agisse de Jean Lefebvre,fayot retournant sa veste,de Christian Marin,fidèle dans la tempête,ou du duo Guy Grosso-Michel Modo.Geneviève Grad tourne là son dernier "Gendarme" en jouant un peu mieux que d'habitude et en étant de plus en plus belle alors que Claude Gensac fait une entrée fracassante dans la franchise en incarnant avec ironie et élégance celle qui fait chavirer le coeur du vieux célibataire Ludovic.Mario David,partenaire de de Funès l'année précédente dans "Oscar",est parfait en bandit hargneux et revanchard.Nicole Vervil,la traditionnelle titulaire du rôle de l'épouse de Gerber,est inexistante et France Rumilly en nonne fonceuse amusait lors des épisodes précédents mais là son rire hystérique et continuel est absolument insupportable.Yves Vincent,qui retrouvera Fufu dans la foulée avec "Hibernatus",est très à l'aise en colonel examinateur et quelques silhouettes familières égaient sympathiquement l'arrière-plan,d'une toute jeunette Nicole Garcia à l'inévitable Dominique Zardi en passant par Claude Bertrand,grand doubleur qui était notamment la voix française de Bud Spencer,ou Bernard Lavalette et Dominique Davray en profs de danse,cette dernière poursuivant dans les films suivants en bonne soeur enrobée.