A travers le Gout du Saké, Ozu met en scène une dernière fois son Japon.
Celui qui a fait sa gloire : son armée et son industrie moderne,
Celui qui fait sa force : son socle de valeurs traditionnelles.
Le cinéma des années 60 permet donc au réalisateur de nous partager la coexistence de ses deux cultures dans un film emprunt de mélancolie.
En cela, l'évocation du mariage arrangé de l'héroïne n'est pas si anodin.
Histoire et sujet se confondent.
C'est souvent le cas dans les films d'Ozu :
- son style dépouillé est celui du Japon : sa religion, ses habitations, sa manière d'être et de communiquer ;
- ses contraintes budgétaires sont aussi celles d'un pays qui se relève peu à peu d'affront de la 2nd guerre mondiale. Ce sera donc le cas de nombre de protagonistes qui sont dans la difficulté financière, en premier lieu les jeunes.
Mais il est également marquant de constater à quel point l'habillement contemporain des buveurs de saké ou encore la passion de sports américains (base ball, golf...) tranchent avec des procédés quasi médiévaux :
- pour s'aider les uns les autres,
- pour respecter les traditions (mariage arrangé, relations homme / femme, cérémonie des repas...).
Là aussi, le réalisateur est l'observateur attentif de l'évolution de la société qui l'entoure.
Enfin, la poésie et la sérénité qui auréolent le "Le Goût du saké" prouvent qu'avec des moyens réduits et de sujets triviaux, le cinéma peut procurer de belles émotions.
PS : concernant les moyens de tournage, comparer "Le Goût du saké" et "Fin d'automne" permet de visualiser que - outre les acteurs - les décors sont les mêmes. On est loin du faste d'Hollywood !