A travers le Gout du Saké, Ozu met en scène une dernière fois son Japon.
Celui qui a fait sa gloire : son armée et son industrie moderne,
Celui qui fait sa force : son socle de valeurs traditionnelles.


Le cinéma des années 60 permet donc au réalisateur de nous partager la coexistence de ses deux cultures dans un film emprunt de mélancolie.


En cela, l'évocation du mariage arrangé de l'héroïne n'est pas si anodin.
Histoire et sujet se confondent.
C'est souvent le cas dans les films d'Ozu :
- son style dépouillé est celui du Japon : sa religion, ses habitations, sa manière d'être et de communiquer ;
- ses contraintes budgétaires sont aussi celles d'un pays qui se relève peu à peu d'affront de la 2nd guerre mondiale. Ce sera donc le cas de nombre de protagonistes qui sont dans la difficulté financière, en premier lieu les jeunes.


Mais il est également marquant de constater à quel point l'habillement contemporain des buveurs de saké ou encore la passion de sports américains (base ball, golf...) tranchent avec des procédés quasi médiévaux :
- pour s'aider les uns les autres,
- pour respecter les traditions (mariage arrangé, relations homme / femme, cérémonie des repas...).
Là aussi, le réalisateur est l'observateur attentif de l'évolution de la société qui l'entoure.


Enfin, la poésie et la sérénité qui auréolent le "Le Goût du saké" prouvent qu'avec des moyens réduits et de sujets triviaux, le cinéma peut procurer de belles émotions.


PS : concernant les moyens de tournage, comparer "Le Goût du saké" et "Fin d'automne" permet de visualiser que - outre les acteurs - les décors sont les mêmes. On est loin du faste d'Hollywood !

Raider55
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Les meilleurs films japonais et Les meilleurs films de Yasujirō Ozu

Créée

le 15 avr. 2021

Critique lue 114 fois

1 j'aime

Raider55

Écrit par

Critique lue 114 fois

1

D'autres avis sur Le Goût du saké

Le Goût du saké
Gizmo
9

Point et ligne sur plan

Le plus frappant à cette xième vision c'est l'incroyable formalisme de ce film. Presque chaque plan est habité de lignes droites. A l'extérieur, ce sont les enseignes lumineuses des bars, la...

le 4 juil. 2013

57 j'aime

10

Le Goût du saké
SanFelice
9

Scènes de la vie conjugale

On reconnaît très vite un film d'Ozu. D'abord par les cadrages si particuliers, faits à la hauteur d'un homme à genoux. Mais aussi par la description si juste de son époque, et par la finesse des...

le 19 févr. 2012

40 j'aime

3

Le Goût du saké
pphf
8

Le goût du congre (debout)

Dernier film d'Ozu, le goût du saké ne peut pas être tenu pour son testament artistique - tout simplement ... parce qu'il n'avait pas pu programmer l'heure de sa mort précoce. Cela dit, sa place...

Par

le 2 nov. 2013

33 j'aime

Du même critique

L'Élégance du hérisson
Raider55
5

1 chapitre sur 2

Ils sont des livres dont on se souvient toute sa vie. Mais avec un sentiment de satisfaction modéré, tiède. Celui-ci en fait partie. Et pourtant il était précédé d'une belle réputation - due à de...

le 7 juil. 2021

11 j'aime

10

L'Amant
Raider55
9

Les mots du livre, rien que du livre

Lire l'Amant, c'est d'abord faire abstraction du film. Non pas qu'il soit mauvais, Les rythmes, les ambiances, la magie n'y sont juste pas identiques. Lire Marguerite Duras, c'est parcourir des...

le 27 janv. 2021

9 j'aime

7

L'Âge d'or, tome 2
Raider55
8

Si beau et si frustrant à la fois

Ce tome de l'âge d'or est le 2nd de l'histoire et clôture donc magistralement cette quête de pouvoir médiévale. Son graphisme si particulier en est toujours la particularité. Au risque évidemment de...

le 5 déc. 2020

9 j'aime