Le grand alibi est considéré comme un Hitchcock mineur et ce d’autant plus que le réalisateur lui-même a regretté d’avoir utilisé le fameux flash-back « menteur » du début du film. Pourtant nous sommes prévenus dès la première scène, avec le rideau qui se lève sur la ville de Londres, que nous serons dans le monde du théâtre, de l’artifice et de l’illusion, et cette petite supercherie permet de faciliter le coup de théâtre final.
L’interprétation est excellente : Jane Wyman et Marlène Dietrich incarnant deux figures féminines radicalement opposées (la gentille un peu nunuche et la sulfureuse), opposition qui annonce celle de Kim Novak et de Barbara Bel Geddes dans Vertigo, et il y a plusieurs seconds rôles savoureux dont celui de la mère de l’héroïne (encore une mère impossible, comme bien souvent dans les films d’Hitchcock !). Ajoutons quelques plans séquences et mouvements de caméra superbes et concluons qu’un Hitchcock mineur est encore au-dessus de 90 % de la production cinématographique !