Douche froide pour "Le grand bain" lors de la cérémonie des Césars il y a quelques jours : nominé à 10 reprises, le film de Gilles Lellouche n'obtient que le César du meilleur second rôle masculin, attribué à Philippe Katerine. Le néo-réalisateur se consolera avec le succès public de son premier film en solo, capable d'attirer près de 4 millions de spectateurs dans les salles françaises.
Au-delà de ces considérations, il y a je pense deux façons d'appréhender "Le grand bain", selon ses propres attentes au départ :
- si on espère un vrai bon film, un classique de la comédie, la déception n'est pas loin, suite à la promo tapageuse et surtout aux excellents retours (Cannes, presse, public).
- en revanche, si on compare avec le tout-venant du cinéma français populaire, on se situe plusieurs crans au-dessus de la moyenne, pas très loin des succès du duo Toledano-Nakache.
Concrètement, il s'agit surtout d'une comédie sociale - avec une première partie assez plombante, pas du tout une pochade donc - qui évite la plupart des fautes de goûts mais s'avère très calibrée dans sa structure et son montage.
Chaque personnage incarne une problématique donnée (psychologique, familiale, sociétale) et se voit attribuer un rôle très fonctionnel, ce qui ne facilite pas l'empathie (à ce titre, le segment de Guillaume Canet ne parvient pas à toucher, par exemple).
Autre frein à l'enthousiasme, les comédiens sont castés exactement dans les rôles où on les attend, à part Leïla Bekhti peut-être, mais là j'avoue ne pas comprendre en quoi les gens trouvent son personnage hilarant.
Par ailleurs, la mise en scène s'avère soignée, et Gilles Lellouche prouve qu'il maîtrise l'art de l'ellipse, proposant in fine une comédie dramatique loin d'être désagréable, mais trop convenue et schématique pour apparaître comme une vraie réussite.