Ah, un des gros succès populaires au box-office français de l'année 2018, venant d'un Gilles Lellouche qui est ici uniquement derrière la caméra. C'est sa première réalisation, seul, d'un long-métrage entier. Qu'est-ce que cela donne ?


L'ensemble se veut une série de portraits de losers, particulièrement fracassés par la vie et la dépression, ayant réussi à se trouver comme but commun, et comme raison de vivre, la natation synchronisée. Ce n'est pas sans faire penser à The Full Monty pour le côté losers, dans la morosité quotidienne, qui se trouvent une raison d'être improbable.


La structure, ce sont des séquences en commun autour des séances d'entrainement qui s’enchaînent avec des scènes de la vie quotidienne individuelle, qui sentent profondément bien la lose et la dépression. Le problème, c'est que quand on a autant de personnages à traiter sur moins de deux heures, ben, l'ensemble reste très superficiel, pas du tout approfondi, très bancal, que ce soit sur le plan des personnages, inévitablement dessinés à gros traits, que sur celui des intrigues. Pour qu'il y ait tout le temps de creuser, un format mini-série de 7-8 épisodes d'une heure chacun aurait été l'idéal. Ah oui, pour voir une évolution progressive des progrès de nos caractères dans cette discipline complexe qu'est la natation synchronisée, pour ne pas qu'une des dernières scènes, celle autour du championnat, semble sortir de nulle part, on repassera aussi...


Mais ce n'est pas sur cela que je vais baser mon principal reproche, même si celui-ci susmentionné est loin d'être négligeable.


Le problème le plus ennuyeux pour ce film est quand Lellouche essaye à toute force de vouloir prouver que dans "comédie dramatique", il y a "comédie".


Un personnage de Sri-Lankais qui ne sait pas parler un mot de français dans l'équipe de natation. Belle occasion de montrer des tranches quotidiennes d'un type, ayant du mal à s'adapter au pays dans lequel il vit, à cause de la barrière de la langue ; ah ben, non... rien du tout... eh, vous avez vu le gars, il ne sait pas parler français, c'est trop drôle... lol... mdr... et c'est tout... ouais, ce personnage est un gag ambulant, juste parce qu'il ne sait pas parler français... c'est sa seule fonction... ouah... Tous les autres personnages ont le droit à un semblant d'histoire en dehors de la piscine, mais pas lui...


Le personnage joué par Leïla Bekhti... alors quand on a quelqu'un avec des origines maghrébines, il parle forcément comme une personne d'une zone de non-droit, en étant d'une grosse vulgarité, à toute épreuve, 99 % de son temps, même quand le milieu dans lequel il évolue ne s'y prête pas du tout. Maghrébine = kaïra... ben ouais, elle n'allait tout de même pas être représentée en être capable d'exercer sa profession avec un minimum de professionnalisme, tout en s'exprimant un minimum normalement... il ne faut pas déconner, voyons...


Bref, quand il y a tentative d'humour, ça tombe dans la lourdeur la plus totale, il n'y a absolument rien de subtil. Je cite particulièrement ces deux exemples, très représentatifs, car ce sont ceux-là qui m'ont le plus marqué et choqué.


Il y a une belle affiche, venant de divers horizons (cinéma plutôt dans le populaire : Canet, Poelvoorde, Efira ; cinéma d'auteur : Amalric, Anglade ; chanson avec peu d'expériences significatives au cinéma : Katerine). Si Amalric et Katerine parviennent à maintenir la tête au-dessus de l'eau, le reste se noie dans l'insignifiance, à l'image de Poelvoorde, se contentant de faire du Poelvoorde en mode minimum syndical.


En résumé, Le Grand Bain boit la tasse... (ouais, je sais, cette blague est naze, mais je ne vois pas pourquoi je ne manquerais pas de subtilité moi aussi !).

Plume231
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le 14 oct. 2024

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