Tapis, mais pas au tapis

Je reconnais que l'univers du jeu, à la base, je n'en ai rien à cirer. Je n'en ai toujours rien à cirer après « Le Grand Jeu », mais le film est déjà parvenu à m'y intéresser durant 140 minutes, ce qui est déjà une belle performance. Ce n'est pas forcément le film le plus sophistiqué ou le plus subtil qui soit, mais il est extrêmement efficace et presque constamment bien rythmé, si bien que j'y ai en définitive pris un réel plaisir, m'intéressant de près à un univers qui n'est pas le mien, l'aspect « histoire vraie » donnant pour le coup pas mal de matière à une histoire étonnante, notamment pour dresser le portrait d'une héroïne beaucoup plus complexe qu'au premier abord, dont l'évocation familiale est, pour le coup, un vrai plus pour comprendre son parcours et ses motivations.

À ce titre, si les seconds rôles sont convaincants (notamment un Idris Elba ayant, pour une fois, quelque chose à jouer au cinéma), que dire de Jessica Chastain ? Je le répète à chaque film mais que voulez-vous : cette actrice m'éblouit. Au-delà d'un physique pour le moins avantageux (histoire de ne pas écrire que c'est une bombe incendiaire), depuis combien de temps n'avions-nous pas eu une comédienne avec une telle présence, un tel charisme, une telle aura ? Elle est incroyable. Alors oui, sur la fin cela patine un peu (sans mauvais jeu de mots!) et devient légèrement démonstratif, mais on retrouve globalement les grandes qualités d'écriture qui ont fait d'Aaron Sorkin le scénariste star qu'il est devenu, avec ce qu'il faut de piquant et d'ironie pour que la sauce prenne : des débuts derrière la caméra réussis.