Le duo Benoît Délépine - Gustave Kervern, c'est l'assurance d'un spectacle non conventionnel, n'hésitant pas à ruer dans les brancards et à proposer un mode de vie que ne renierait pas Jean-Luc Mélenchon. Vous dire que j'ai adoré « Le Grand soir » serait mentir. Il y a beaucoup de longueurs, l'humour ne fait pas toujours mouche et le récit patine à plusieurs reprises, à l'image d'une dernière demie-heure où les deux trublions ne semblent plus avoir grand-chose à dire. Malgré tout, je dois avouer que cette mini-révolution suggérée par l'excellent duo Benoît Poelvoorde - Albert Dupontel a aussi du bon. Les réalisateurs de « Mammuth » ont en effet trouvé une alchimie assez savante entre grosse blague et sombre constat sur une société de consommation qui n'en a rien à foutre de rien ni personne, à l'image de cette scène incroyable de cynisme dans un supermarché (je ne vous en dis pas plus). Les deux compères ne tombent d'ailleurs jamais dans un esprit bien-pensant, assumant leur vision du monde de bout en bout, auquel on peut ne pas adhérer, mais qui a au moins le mérite d'interpeller sans tomber dans une démonstration lourdaude. Cela n'en reste pas moins une comédie, grinçante, inégale et respectueuse de son public, à défaut d'être aussi jubilatoire qu'on l'espérait. Un drôle de film, loin d'être indispensable, mais que l'on ne regrette pas (trop) d'avoir vu.