Si j'étais de très mauvaise foi, je vous dirais que je n'avais jamais vu « Le Guépard » volontairement afin de le découvrir au cinéma. Reste qu'aujourd'hui, je ne m'imagine même plus le découvrir à la télévision, c'est vous dire l'impression que celui-ci m'a fait. C'est probablement l'un des dix plus beaux films que j'ai pu voir, un « film-monument », un « film-œuvre d'art », où chaque plan est un tableau (formule cliché pour une fois totalement appropriée), un truc de dingue que ce soit pour les décors, les costumes, les mouvements de caméras, la photographie, la lumière... Bref, une splendeur absolue.


Après, il y a ce que raconte Luchino Visconti et là, j'avoue m'être senti moins concerné. C'est qu'il faut connaître un minimum l'Histoire de l'Italie au XIXème siècle pour comprendre toutes les subtilités du discours, d'autant qu'on ne peut parler de récit à proprement parler, mais plus d'une page historique qui se tourne. On comprend l'essentiel, notamment à travers ce noble d'une dignité et d'une lucidité absolue sur la suite des événements, ainsi que les principaux enjeux, d'autant que le réalisateur évite tout manichéisme pour nous offrir au contraire une peinture d'une très grande justesse concernant les différents personnages. Reste donc le fait de voir pas mal d'éléments nous échapper, faute de repères concernant cette époque d'un pays qui n'est pas le nôtre, ce qui ne nous empêche pas d'apprécier à plusieurs reprises l'intelligence des dialogues, la subtilité des situations, le regard d'un grand cinéaste sur un sujet qu'il maîtrise jusqu'au bout des doigts.


Ainsi, à défaut de passer à la vitesse de l'éclair, ces 185 minutes restent très digestes, sa magnificence de chaque instant compensant un récit ne nous parlant qu'à moitié, assez lent mais d'une élégance rare. Et puis il y a Burt Lancaster, impressionnant dans un rôle inoubliable, à côté duquel Claudia Cardinale et Alain Delon apparaîtraient presque palots... En tout cas, « Le Guépard » est ce qu'on appelle un incontournable, un film vous donnant foi dans le cinéma et gardant 40 ans après son pouvoir de fascination visuelle intact : ceux qui ne l'ont pas encore vu savent ce qu'ils leur restent à faire.

Caine78
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le 22 avr. 2018

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