Les hautes classes sociales juives aussi ont souffert du nazisme. Sans doute pas davantage, et sûrement moins que les autres, pourtant elles ont vécu quelque chose de pire : la chute.
La privation brutale de leur statut amenant à la prise de conscience de droits qui sont en fait depuis longtemps bafoués, on n'est déjà pas loin de ce que De Sica dépeint comme la pire épreuve de toutes : la perte de la dignité. Il arrive un moment où c'est tout ce qui reste à cette bonne famille au nom composé dont le joli jardin a brièvement servi de "terrain d'entente", dans tous les sens du terme, avant le durcissement du régime.
La dignité en temps de guerre et de scissions morales, c'est tout ce qui peut encore servir à un père, un peu borné mais de bonne volonté, pour parler à son fils. C'est avec de la dignité qu'on soigne un cœur brisé : la guerre approchant, la souffrance grandissant partout, on se sent bête avec son chagrin d'amour ; alors on tourne la page. Un beau récit de famille dissimulé au fond du jardin de l'histoire.
→ Quantième Art