Firebrand adapte librement la vie de Catherine Parr, dernière épouse du bourreau et assassin de femmes Henri VIII, se plaçant du point de vue de la Dame. Aussi, difficile de ne pas rapidement prendre parti pour la femme, la mère, l'épouse, qui joue sur tous les tableaux, et perd bien souvent face à la cruauté de son mari et face à un patriarcat où elle n'est rien. Dans ce rôle, Alicia Vikander est assez à l'aise, mais celui qui tire la couverture à lui, c'est bien Jude Law, en immonde souverain imbu de lui-même, repoussant et aux manières de rustre, dont la jambe blessée est un motif de colères et d'emportements bien pratique pour se passer les nerfs sur Madame... Vraiment, Jude Law excelle à nous faire haïr viscéralement son personnage (on égratigne souvent l'accoudoir pour ne pas réagir), et on ne boudera pas alors la fin exagérée que Firebrand lui réserve, car elle constitue pour nous, qui avons partagé la souffrance de Catherine, un exutoire émotionnel. On aurait en effet regretté de voir la véritable fin du Roi,
décédé de maladie (laquelle, on ne sait pas vraiment, entre son diabète, son infection de la jambe, un soupçon de scorbut et tuberculose... Choisissez.), sans que la Reine n'y soit pour rien
, une idée qui nous démange alors est celle de ce final qui se permet de réparer cette injustice. Même si Firebrand s'éloigne de la véracité historique (on ne lui demande pas d'être un documentaire, autrement Arte en regorge), il reste cohérent avec sa volonté de divertir, misant beaucoup (et il a raison) sur les intrigues progressistes que soutenait Catherine, ses tourments atroces (décès de proches, fausse-couche, viols, violences conjugales, insultes, menace d'exécution...), et sa fin jouissive (même si fictive). Pour l'anecdote, on a repensé à cet épisode spécial des Simpson qui narrait la vie d'Henri VIII et de sa première épouse...en inventant exactement la même fin (Firebrand : la prédiction 2023 des Simpson). Effectivement, à voir le traitement féministe "sans excès" (on voit tout de son point de vue, on assiste à ses tourments de femme, mais sans étendard, sans que cela ne nuise au scénario), et Jude Law transcendé pour créer ce Monstre ignoble, on admire la performance, on ne peut s'empêcher de terminer l'accoudoir lors du final. Jude Law is on fire.