Les enfants, répétez après moi, "hommes, méchants", "femmes, gentilles"... allez, plus fort, "HOMMES, MÉCHANTS", "FEMMES, GENTILLES". C'est super, vous avez bien retenu votre catéchisme.
Quoi, mon premier paragraphe est lourd ? Ce n'est pas moi qui ai commencé, c'est Karim Aïnouz.
Alors, Firebrand nous conte l'interminable crépuscule du règne du tyrannique Henry VIII en suivant l'histoire de sa sixième et dernière épouse, Catherine Parr. Ce qui était a priori une idée superbe d'évoquer cette figure méconnue, très négligée jusque-là par le cinéma, qui a pourtant eu un rôle essentiel pour l'avenir de son pays.
C'est quand même la femme qui a réussi à survivre à un être impotent, à la jambe en putréfaction, mais qui n'a jamais été aussi dangereux, aussi paranoïaque, avec un passif soulignant qu'il a la décapitation très facile (les deuxième et cinquième Mesdames Tudor peuvent en témoigner !), qui a réussi à gérer avec efficacité une régence lors d'une absence de son cher mari, qui a influencé sa belle-fille Elisabeth dans sa manière d'exercer le pouvoir, qui a contribué à intégrer les princesses dans l'ordre de succession au trône. C'est dire qu'elle était habile non seulement pour ne pas perdre la tête dans ce milieu impitoyable qu'était la Cour à l'époque, mais aussi pour manipuler l'ogre royal.
Bon, c'est bien beau, Karim, de vouloir dépeindre ce personnage comme une proto-féministe qui va sauver sa nation de la tyrannie masculine et lui apporter la Liberté, avec un grand L, après un obscurantisme dû à l'infâme patriarcat, composé uniquement d'êtres avec une paire lamentable entre les jambes, au pire cruels, au mieux veules et traîtres, un obscurantisme dont les seules victimes sont les femmes, évidemment. C'est bien beau de vouloir balancer du girl power dans la tronche, à nous, pauvres pêcheurs forcément machos, avec chanson moderne en supplément lors du générique de fin. C'est bien beau de faire dans le manichéisme débile de la guerre des sexes.
Mais dans ce cas-là, il faut mettre en scène une héroïne qui soit un minimum intelligente, qui soit constamment sur ses gardes, qui ne soit pas d'une inconséquence confinant à la stupidité la plus profonde. La vraie Catherine Parr a tenu trois ans et demi. Ce qui est très loin d'être un mince exploit (franchement, respect !). Je ne vois pas comment il pourrait être crédible que celle du film ait pu tenir plus d'une semaine sans rencontrer la hache du bourreau.
Même au sein de sa logique, complètement dénuée de subtilité, se souhaitant féministe, ce film est con.
Et ce n'est pas dans une mise en scène, sans la moindre once de créativité ou de beauté, ni dans une Alice Vikander qui n'a rien à jouer de consistant, ni dans un Jude Law qui en fait des tonnes dans le rôle du serial-épouseur, que ce long-métrage arrive à sauver quelque chose.