Qu'est-ce qui a motivé la décision du cinéaste brésilien Karim Aïnouz, au faîte de son talent avec le splendide La Vie invisible d'Eurídice Gusmão, pour tourner Le jeu de la reine, a priori bien loin de son univers, avec une première incursion en langue anglaise ? Le sujet, sans doute, avec l'évocation de la vie de Catherine Parr, la sixième et dernière épouse de Henri VIII. Il est vrai que le personnage est intéressant, rebelle et intelligent, une véritable joueuse d'échecs, dans une Angleterre soumise à de graves désordres, à commencer par une grande crise religieuse dans laquelle la reine avance ses pions, avec une subtilité indéniable. Au-delà des résonances avec notre époque et son caractère féministe affirmé, Le jeu de la reine recherche l'authenticité et le naturalisme dans le portrait de la cour d'Angleterre et de ses intrigues, avec une certaine élégance de trait. Il manque toutefois un peu de flamme, on n'ose dire de flamboyance, pour que le long-métrage sorte du cadre académique du film à costumes qui le rend parfois ennuyeux. Alicia Vikander fait toutefois preuve d'une belle présence dans le rôle central tandis que Jude Law, parfaitement méconnaissable, a davantage de mal à personnifier cet ogre de Henri VIII, au crépuscule de son existence, malade, atrabilaire et inconstant, autrement que d'une manière plutôt convenue.