On ne peut nier la déception provoquée par « Le jeu de la Reine » au sujet ô combien intéressant si on aime l’histoire et les films d’époque. Mais quand on compare à des œuvres du même acabit, que ce soit le film mettant en scène ce même roi et sa femme précédente, le sympathique « Deux sœurs pour un roi » avec Natalie Portman et Scarlett Johansson, ou des séries comme la mythique « Les Tudors » ou la plus récente et excellente « Mary & George », ce long-métrage fait pâle figure en comparaison. Et quand on sait que l’homme à la barre de ce drame historique mâtiné de suspense est le talentueux Karim Aïnouz, qui nous a offert le sublime « La Vie invisible d’Euridice Gusmao », on est encore plus désappointé. Même si cette année il a eu droit à sa seconde sélection officielle en compétition à Cannes avec le très bizarre et peu aimable « Motel Destino » qui n’était pas plus convaincant que « Le jeu de la Reine ».
Déjà, l’interprétation laisse à désirer. Alicia Vikander est un peu effacée et son jeu manque ici du charisme nécessaire pour nous faire vibrer et ressentir ses craintes tout comme la rébellion de son personnage contre l’Église et son mari. Celui-ci, Henri VIII, est célèbre pour son physique ingrat, ses nombreuses conquêtes (six femmes au destin tragique pour la plupart) et sa réforme de l’Église qui a abouti à la branche anglicane et protestante du christianisme. Jude Law, bouffi et décati, a choisi un jeu extrême, parfois proche de la bouffonnerie, pour le représenter tandis qu’il est rongé par la maladie et on hésite donc entre qualifier sa prestation de géniale ou ridicule. Quant aux seconds rôles dont Eddie Marsan et Sam Riley, ils ne sont guère mémorables. Et concernant la mise en scène du cinéaste brésilien, elle est austère et pas forcément agréable à l’œil en plus de ne pas vraiment avoir de personnalité, ce qui est étonnant vu la beauté de celle opérée sur « La Vie invisible d’Euridice Gusmao ».
On subit donc un peu les deux heures du film qui est un peu lent et dont les intrigues de couloir finissent par tourner en rond. Le cinéaste a insufflé un côté féministe louable à son film mais celui-ci prend le pas sur la vérité historique et c’est un peu gênant si l’on se renseigne sur la manière dont s’est déroulée cette page de l’Histoire. La partie sur l’Église et ses contestataires est, en outre, mal expliquée pour qui ne connaît pas cette période de la royauté britannique. On a quelques moments de tension plutôt bien négociés quant au sort de cette Reine mais en revanche l’émotion est aux abonnées absentes. « Le jeu de la Reine » est donc une œuvre pas vraiment réussie et fort décevante au vu du potentiel de son casting, de son histoire et de la manière dont elle aurait pu être abordée, on restera donc quelque peu sur notre faim et deux heures d’ennui poli.
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