Par ces temps de Fukushima ambiants, rien de tel qu’un petit visionnage du Jour d’après première mouture pour se mettre le trouillomètre à zéro. Car presque trente ans après sa sortie, cette fiction de Nicholas Meyer conserve toujours un écho terrifiant. Au départ film choral assez habile, embrassant plusieurs corps de métier (du chirurgien au fermier en passant par le militaire ou l’étudiant), le film se mue vite en quasi-documentaire pour évoquer très frontalement les conséquences à court terme d’une catastrophe nucléaire sur cette population.
Si Le Jour d’après a bouleversé toute une génération d’américains à l’époque, et si son impact est le même aujourd’hui, c’est qu’en dépit de son aspect historique très marqué (la guerre froide y est évoquée en permanence dans la première partie) aucune concession n’y est faite. C’est avec beaucoup de réalisme et de sérieux que Meyer montre des corps qui changent ou traite de l’aspect scientifique, et c’est cette crudité dans le traitement qui en fait un véritable coup de poing.
Voilà ainsi un film catastrophe qui défie toutes les règles du divertissement : n’y cherchez pas de l’action spectaculaire, ni même de rebondissement ou de suspense, vous n’en trouverez pas. Le Jour d’après s’annonce plutôt comme le pilote d’une série, mais où ce sont précisément les non-dits, les non-montrés des jours qui suivront le cataclysme qui laissent un goût particulièrement amer et fort. C’est d’ailleurs encore là l’un des pouvoirs du cinéma face à la série : cette frustration salutaire qui suit le mot fin. Elle laisse de l’espace à un imaginaire qui a été calibré deux heures durant, et c’est à nous spectateurs de vivre avec ce que l’on vient de voir, et de décider de la suite. Le Jour d’après est malheureusement introuvable en VOST français. Mais la version française n’est pas suffisamment mauvaise pour amputer le film de ses vertus. Clairement à redécouvrir.