Un petit chef d'œuvre du cinéma pacifiste.
Il faut d'abord mettre en perspective ce film dans ces foutues années 50 où on sortait à peine d'un conflit qui s'est quand même terminé en apothéose par l'anéantissement complet de deux villes japonaises sur un simple geste du doigt sur un bouton. A peine on sortait de ce conflit que se profilait la guerre de Corée et la guerre froide entre deux blocs viscéralement opposés. C'est dire que l'avenir pouvait paraître assez sombre …
Donc, un film de SF qui faisait intervenir des extra-terrestres venus dispenser un message de paix et d'avertissement pouvait avoir du sens. A l'époque. Mais aujourd'hui, il reste malheureusement complètement d'actualité avec les gesticulations forcenées et désirs d'expansion de certains.
Bien sûr, on peut sourire aux premières scènes où un journaliste clame (en substance) alors que la soucoupe volante survole la Terre : "ne paniquez pas, la situation est sous contrôle". Parce aujourd'hui, dans une situation que j'imagine analogue, si un média venait à proférer ce genre de choses, il y aurait bien 20 autres médias (tous experts et tous confondus) à critiquer, railler, conseiller de ne pas écouter et encore moins obéir.
Mais dans le film de Robert Wise, si on sourit au début, la mise en scène des extra-terrestres ne prête plus à rire. Au contraire, la tension monte peu à peu jusqu'à la délivrance du fameux message. Les politiques n'ayant pas été foutus de se mettre d'accord pour entendre le message, c'est la communauté scientifique qui s'avèrera seule capable de passer au-dessus des divergences.
Techniquement, le film est réalisé avec très peu d'effets visuels. La règle adoptée par Wise est le réalisme et l'efficacité. Le problème n'est pas de s'extasier sur les écarts physiques entre les habitants de la Terre et la forme plus ou moins grotesque des extra-terrestres. Là, le choix est clair : les gens venus d'ailleurs ont la même forme et les mêmes organes que les êtres humains. Simplement, l'absence de guerre chez eux fait que la civilisation a pu évoluer favorablement vers un mieux-être et une espérance de vie plus grande.
Côté casting, Wise a choisi (est-ce d'ailleurs un choix ou un manque de moyens ?) de ne pas mettre en avant des stars. Les deux acteurs principaux Michael Rennie dans le rôle de Klaatu et Patricia Neal dans le rôle de la veuve (symboliquement d'un soldat tué à la guerre) ne sont pas très connus. Le rôle du professeur est tenu par un intéressant Sam Jaffe que j'ai déjà vu dans d'autres films comme "Ben Hur" ou comme "Quand la ville dort" …
Un détail : Klaatu prend un nom lambda pour se fondre dans la foule, "Carpenter" faisant dire à certains que Klaatu prend une dimension messianique. C'est possible, pourquoi pas mais je n'en suis pas convaincu. Je le vois plutôt, simplement, comme le représentant, un fonctionnaire, quoi ! d'une Guilde de plusieurs mondes habités de l'espace qui s'inquiète des développements de plus en plus agressifs des habitants de la Terre qui pourraient à terme les menacer.
A noter une musique de Bernard Herrmann, le compositeur fétiche d'Hitchcock, qui mêle adroitement musique classique et sonorités plus typiques de la SF (musique électronique) qui accompagne bien les diverses scènes et contribue à "faire monter la mayonnaise" …
Au final, film captivant au message on ne peut plus fort. A voir ou à revoir d'urgence. Surtout pour les grands de ce monde…