Si le style de « Journal d’une femme de chambre » semble quelque peu empesé de nos jours, le film est une remarquable radiographie de la condition des femmes de cette époque. C’est donc une oeuvre engagée et même osée dans la France très raide et sourcilleuse du Général de Gaulle. Par la grâce de la frémissante Marie José Nat et le talent du réalisateur, la densité et la tension sont présentes de bout en bout, délivrant quelques plans remarquables comme par exemple le visage apaisé et heureux de la mère devant le miracle de la vie. Le sujet peut sembler dépassé de nos jours, mais ce serait une erreur, tant le propos sur la condition de la femme reste universel. A noter que Michel Magne en livrant une partition des plus juste, remplace avantageusement René Le Cloerec. Le film fut un immense succès à sa sortie, si bien que l’année suivante Autant-Lara réalisera « Une femme en blanc se révolte ».