Guillermo del Toro signe un conte pour adultes, et c'est justement cette contradiction dans les termes qui m'aura laissé perplexe : trop enfantin et manichéen pour l'adulte que je suis, "El labyrintho del fauno" respecte en effet les codes du merveilleux, tout en proposant plusieurs séquences proches de l'horreur que je ne recommanderais pas à des enfants en bas âge. Ainsi, un gros faune rigolard proche du cartoon côtoie un affreux monstre sanguinaire avec des yeux sur les mains...
A qui le film s'adresse-t-il au final? Sans doute pas à moi, même si je ne me suis pas ennuyé et que je reconnais les qualités, notamment plastiques, de cette œuvre atypique et formellement aboutie.
Del Toro réalise notamment un travail impressionnant sur les couleurs, les lumières et plus encore les textures, en particulier les matières organiques (boue, sang ,salive...), qui donnent à certaines séquences une belle profondeur, et à d'autres l'aspect d'un tableau de Goya (référence revendiquée par le cinéaste mexicain).
On appréciera aussi la jolie métaphore centrale du passage à l'âge adulte, à travers le choix de croire ou non aux contes de fée et au fantastique.
Mais en dépit de ces qualités bien réelles, je n'ai jamais été emporté par ce récit initiatique sur fond de drame historique, avec la traque des résistants républicains par l'armée de Franco. Les personnages s'avèrent trop monolithiques, trop manichéens pour convaincre, et "El labyrintho del fauno" s'apparente du coup à une jolie coquille vide.
Sans doute une question de goût et de sensibilité.