Invité à héberger pour un soir dans la villa d’un riche propriétaire en attendant que son auto soit réparée, un homme retrouve par pur hasard la femme qu’il avait refusée d’épouser par lâcheté et qu’il n’a jamais oubliée. Foudroyé par cette apparition, il voit l’occasion de guérir son profond regret alors que la belle Karuna, le cœur cicatrisé, reste inflexible devant cette retrouvaille. Convaincu qu’elle ne peut être heureuse avec ce mari laid et alcoolique, il la supplie de le laisser et de le suivre, mais en vain. La morale de l’histoire est des plus claire : Faire preuve de lâcheté en amour est une faute impardonnable. Le réalisateur nous offre en un heure et des poussières un moment douloureux de sa vie. Enfin, c’est ce qu’on peut en déduire du fait que son protagoniste est un scénariste et que l’homme qui l’a dépanné pour un soir lui propose d’écrire une histoire sur les castes alors que c’est exactement ce qu’a fait Satyajit Ray en 1958 par le biais de son film Le salon de musique. Pour interpréter la princesse intraitable, qui d’autre que la merveilleuse Madhabi Mukherjee complice du cinéaste pour ses trois derniers longs-métrages incluant La grande ville et Charulata. À chaque fois, l’actrice perce l’écran et rehausse le récit par sa seule présence sentie qui parvient ici à atténuer l’effet du jeu un brin forcé de ses partenaires. Même si le propos de Le lâche n’a pas la même étendue que ses œuvres précédentes, l’intelligence et la sensibilité de la réalisation est toujours au rendez-vous ce qui fait d’ailleurs la grande spécificité de la filmographie de Satyajit Ray.