L'ascension et la chute de Jordan Belfort,brillant trader new-yorkais des années 90.C'est tiré d'une histoire vraie et adapté du livre de mémoires de l'intéressé.Il était surnommé "le loup" mais dans la pub de sa boîte on voyait un lion.Le lion de Belfort,oui.Incontestablement,Martin Scorsese a fait un bon film à partir de cette histoire,mais on ne peut se défendre d'une certaine déception.La mise en scène est certes brillante mais, c'est le problème,elle l'est un peu trop compte tenu du sujet.Tout semble exagéré,exacerbé,grossi.Belfort et sa bande menaient sans doute une vie de dingues mais cette suite hystérique et ininterrompue de fêtes déjantées,de partouzes cocaïnées et de délires extravagants laisse songeur dans le cadre d'évènements supposés réels,d'autant que Scorsese dynamise à fond sa description de ce monde décadent en multipliant les plans courts,les changements d'angles et les mouvements de caméra frimeurs.Toute cette agitation parait au final assez vaine et moyennement crédible,et se révèle à la longue plutôt fatigante,tandis que les scènes d'humour,souvent très drôles,arrivent en décalage avec l'ambiance générale.Le scénario ne manque cependant pas d'intérêt et dénonce avec virulence les dérives d'une société occidentale gangrenée par l'ultra-capitalisme.Le métier de courtier est défini d'entrée de manière lapidaire par le personnage de Matthew Mc Conaughey qui déclare en substance:"personne n'est capable de dire si une action va monter,descendre ou tourner en rond,et les courtiers moins que quiconque,mais on s'en fout,tout ce qui compte est d'en vendre un maximum car nous,de toute façon,on touche notre com,on s'en met plein les poches,et le reste n'a aucune importance".Du coup,Belfort va créer sa société en appliquant ces préceptes à la lettre et faire fortune.Ce qui est frappant est le manque d'humanité de ces types,issus de milieux modestes et pour qui l'argent constitue l'alpha et l'oméga de leur existence.Ils ne respectent rien ni personne,pas plus la loi que leurs clients,et affichent un mépris absolu pour tous ceux qui ne partagent pas leur vision totalement matérialiste de la vie,qui n'ont qu'à "aller bosser chez Mc Do".Il est vrai que ce mode de pensée nous est asséné en permanence à tous les niveaux,comme quand un président parle de "ceux qui ne sont rien",ou qu'un autre crétin notoire prétend qu'on a raté sa vie si on n'a pas sa Rollex à trente ans.Donc,Belfort et ses amis se vautrent dans le luxe et la luxure,obsédés par tout ce que le consumérisme post-moderne propose aux foules ébahies.De l'alcool et de la drogue à gogo,des putes,des bagnoles et des baraques hors de prix,des jets et des hélicos privés,des yachts pharaoniques,tout y passe.Mais ces mecs ont un problème,car pour en arriver là ils ont dû se livrer à des fraudes massives.Vente d'actions sans valeur,cotes majorées ou baissées artificiellement,bulles spéculatives prêtes à éclater,délits d'initiés,bénéfices non déclarés au fisc,leur magnifique entreprise n'est rien d'autre qu'une escroquerie géante,et ça ne peut pas durer.Ceci dit,ce thème avait déjà fait l'objet de films comme "Wall Street" ou "Les initiés".Ce qui apparait alors clairement est le manque d'intelligence de ces types.Belfort est entouré et bien conseillé par son père,sa première épouse,un détective,son avocat,et il a l'occasion de se tirer d'affaire.Eh bien non,il va préférer s'entêter de manière suicidaire,jusqu'à ce que son univers vole en éclat.Etonnant de la part d'un mec aussi malin quand il s'agit de faire du fric.Il faut dire que son cerveau est méchamment déglingué par les quantités invraisemblables de schnouf qu'il s'envoie.Les acteurs sont fameux et contribuent sans doute grandement à éviter que le film ne sombre dans la pantalonnade,à commencer par un Leonardo Di Caprio à fond dans son rôle.Il est assisté de comédiens prestigieux qui livrent de savoureuses interprétations,notamment Jonah Hill,Mc Conaughey,Margot Robbie et Jean Dujardin.