Je suis sorti de la séance The Wolf of Wall Street particulièrement enthousiaste. Je ne pensais plus que Scorsese était capable de proposer un film "destinée", dans la lignée de ses Goodfellas et Raging Bull... Les trois heures de films étaient passées comme une lettre à la poste, à peine une dernière demi-heure un brin en deçà, mais jamais au point de ressentir le moindre ennui ou agacement... La BO est chouette, la réalisation épouse le propos d'obscénité suggéré, elle est exubérante, paroxystique, à l'image de la mise en scène en général qui m'a mis plus d'une fois mal à l'aise (que la salle rit durant des passages particulièrement atroces a sûrement joué).
Et puis Leonardo Dicaprio. Immense, dément dans ses performances, il enchaîne les moments de bravoure. Monstrueux d'implication physique dans son rôle, il a une aisance folle pour incarner le jeunot de vingt-deux ans débarquant à Wall Street comme le quarantenaire bouffé de drogues et d'alcool. Surtout, son jeu d'une intensité dingue parvient à ne pas faire de Jordan Belfort un nouveau Gordon Gekko, plutôt un personnage hors norme qui certes fascine mais révulse avant tout. Bref, il m'a encore une fois bluffé de bout en bout.
Alors finalement, pourquoi un frileux sept ? Déjà parce que The Wolf of Wall Street est bien en deçà de ses aînés Scorsesiens (Derechef Goodfellas, Raging Bull ou dans un registre plus proche Casino). Il faut bien comparer ce qui est comparable. Ensuite, il manque un je ne sais quoi qui transcende, qui marque au fer rouge. Quoique sans longueurs à mes yeux, le fond de la pellicule est maigre, presque vain. Certes, The Wolf of Wall Street évite le propos moralisateur, c'est presque louable tant le sujet s'y prêtait. Il oublie cependant d'avoir un propos tout court. Ce n'est pas l'étalage constant de drogues, putes et dollars jetés à la poubelle qui font que le film vous remue et vous reste dans un coin de la tête plusieurs jours après la séance.
Au final, Scorsese a voulu renoué avec la fougue de sa jeunesse et, bien aidé par un Dicaprio investi au maximum, il y est presque parvenu. Presque. A revoir à tête reposée pour y déceler ce petit plus qui au premier visionnage, me manque cruellement.
PS : A relever, la performance de Matthew McConaughey expliquant entre un rail de coke et un martini toute la vacuité de son métier de trader. Une scène qui a tout pour devenir culte.