Ce film est une débauche, ce n'est pas prendre un quelconque risque que de l'affirmer. Tout y respire l'excès, la violence et la cruauté. Martin Scorcese a pris au sérieux les personnages entraînés dans cette quête scabreuse et immorale de volupté et de réussite personnelle. La critique de la société du self-made man est à peine voilée et chacun peut se rendre compte de l'état avancé de décomposition morale de chacun des monstres montrés à l'écran. En somme, Scorcese aurait tout mis en oeuvre pour réussir son projet de critique. Le jeu impeccable des acteurs, lisses au possible, aidant.
Toutefois, il est devenu un film culte et nombreux sont ceux qui veulent devenir Jordan Belfort.
Il apparaît ainsi que la recette de critique de Scorcese a échoué à atteindre son objectif. Elle a fait de ceux qu'elle critiquait des légendes enviables. Le film tient ainsi dans un certain constat d'échec. Et son succès énorme le rend d'autant plus problématique.
Dans ce film où rien ne saurait être enviable, tout le devient. Comme quoi, montrer ce que l'on abhorre dans sa vérité la plus excessive ne permet pas de le combattre efficacement. Scorcese en a fait les frais dans cette fresque de l'excès qui a converti la planète à l'ultracapitalisme et qui nous fait envier un homme drogué, malade, criminel et un peu sociopathe, simplement parce qu'i peut nous vendre un stylo.